D'un pays à l'autre, les racontars d'un écrivain amateur...

mardi 3 février 2009

Derniere semaine à Osaka

Les habitudes apparaissent vite. Je n’écris pas pendant une semaine et je me fais reprendre à l’ordre ! C’est aussi à cause des habitudes que je suis resté plus silencieux pendant cette semaine. J’ai une grande force pour un voyageur : je m’adapte facilement, recrée un quotidien assez vite. Voilà deux semaines que je suis chez les Kujime et bien que ce soit des fois un peu pesant, c’est aussi très agréable. Le rythme est plutôt cool, me levant rarement avant 10h, passant l’après-midi à visiter et me balader ou simplement à glander, lire, écrire, penser...

Comme prévu mercredi dernier, nous sommes allés avec Midori à Kobe à une trentaine de kilomètres plus à l’ouest qu’Osaka. J’ai toujours aimé les grands ports commerciaux. Ces grues, ces chantiers, cette activité incessante,… Kobe est une des villes les plus riches du Japon. Calme, sereine, paisible, même son port parait jouir de cette atmosphère. Coincé entre l’océan pacifique et une colline sur laquelle la ville est accrochée, elle donne l’impression d’une enfant gâtée dans les bras réconfortant de ses deux parents. Après une rapide visite de China Town (elle ne comprend qu’une rue !), nous nous sommes dirigés vers le port. Quelque soit le pays, on retrouve quelques choses de commun à tous les ports du monde. Cette ambiance d’éternel départ ou de retour, d’attente, le tout apaisé par l’immensité d’un océan ou d’une mer.



Mais bon, la mer c’est bien beau, l’océan pacifique s’est reposant, mais je ne suis pas à Kobe, pour prendre une photo d’une étendu de flotte ! Kobe, avant tout, c’est le bœuf de Kobe ! Réputé pour être la meilleure viande du monde, je ne pouvais faire autrement que de goûter à Kobe, le bœuf de Kobe. Nous voilà donc parti à la recherche d’un restaurant pas trop cher pour tester cette viande (que Midori n’a jamais testé non plus). Les bœufs servant pour la viande sont massés pour attendrir leurs chairs durant leur élevage. Et des masseurs de bœuf, ça se paye ! Après quelques recherches, nous n’avons pas trouvé moins de 30 euros (environ) les 100g de « Kobe Beef » dans un resto ! Je dois l’avouer, même s’il est difficile de ce faire un avis avec 100g pour deux, c’est très bon, la viande fond sur la langue, pleine de goût… Après ce repas mémorable, nous nous dirigeons vers Kitano. C’est un drôle de quartier, où les japonais viennent faire du tourisme, pour voir des maisons occidentales. Tu peux donc voir (et visiter) la maison du Danemark, des Pays-Bas (avec son moulin), de la France (probablement la plus moche),… C’est globalement inintéressant, laid, et en pente donc fatigant !

C’est étrange, car même si Kobe n’a rien de particulièrement intéressant à dévoiler, son atmosphère est extrêmement reposante à côté des mégalopoles que sont Osaka et Tokyo, et je m’y suis bien plu.

Le reste de la semaine a été plutôt très calme… Une journée escalade, une journée cinéma, une journée glande,… Dimanche, nous sommes aller faire un tour sur le port d’Osaka pour profiter du soleil (qui commençait à se faire rare). Et j’ai assisté à un étrange spectacle. Devant l’aquarium (très réputé mais trop cher, dans la vie il faut faire des choix : le bœuf de Kobe ou l’aquarium), les gens se sont amassés sous les conseils d’une bonne dizaine d’hommes en jaunes (les gens de l’aquarium). On se retrouve donc autour d’un petit circuit pour admirer une parade. Une parade de pingouin. Au milieu des enfants, une petite dizaine de pingouin a débarqué dirigé de main de maître par quelques bonshommes en jaune. Ils ont parcouru les 20m du circuit puis 5min plus tard sont repassés dans l’autre sens. Ce petit cortège était fermé par un bébé pingouin dans un chariot. Je ne sais pas vraiment pourquoi ce défilé m’a paru étrange. Des zoos, des aquariums, des parades d’animaux ou d’ethnies quelconques, il y en a souvent, j’en ai déjà vu, cette exploitation de ce qui est différent, pour notre simple curiosité, sans jamais chercher à comprendre, n’est pas nouvelle. Mais ces pingouins, sur le port d’Osaka, m’ont vraiment paru irréelle. Je comprendrai peut-être pourquoi un jour. Puis, encore plus grotesque, une bonne centaine de personnes ont fait la queue, pour avoir une chance d’appartenir au cercle VIP des 5 personnes qui allait pouvoir se faire photographier avec un pingouin et dire « j’y étais », « je l’ai fait ! »

From Divers

Pour compléter cette journée, nous avons escaladé la montagne la plus petite du Japon : 4m53 ! Officialisée « montagne » au début du siècle, elle est matérialisée par une pierre avec une croix…No comment.

Nous avons fini cette journée avec des amis a Midori, dans un resto puis un bar, et le lendemain matin fut assez difficile… Mais j’ai enfin put discuter avec d’autre japonais que Midori. Un couple nouvellement marié, dont madame, prof d’anglais, n’arrêtait pas de me répéter qu’elle était heureuse avec son mari, et qu’elle ne regrettait absolument pas son ancien petit ami canadien (je pourrai raconter toute son histoire de sa décision de quitter Seattle pour s’installer a Toronto,… mais je ne suis pas sûr que ce soit palpitant). Etrange de parler du mari de madame (et de son ex) quand celui-ci est assis à côté de toi mais de comprend pas un mot d’anglais. Et Tika, une jeune fille sortant d’une relation plutôt violente avec un mec (qui lui a laissé quelques jolies cicatrices pour qu’elle ne l’oubli pas), ayant vécu en Angleterre et en Espagne, qui aime véritablement le Japon mais qui ne comprend que difficilement sa politique et son peuple qui ne fait rien… (leur premier ministre, le troisième en un an, est passé sous la barre des 20% de satisfait, mais il restera probablement à sa place encore 3ans). Elle rêvait du jour où tous les japonais arrêteraient de payer leurs impôts pour faire connaître leur mécontentement. Il y a de l’anarchie dans l’air… Puis on a abordé la question des religions (étant en train de finir un livre sur la création d’Israël, et ayant lu les dernières prouesse du Pape, j’étais bien remonté). Elle étant profondément bouddhiste et curieuse, ce fut une discussion forte intéressante.

J’ai hâte de quitter cette grande métropole. La propreté, l’hygiène et la sécurité y sont hallucinantes. Pas de déchet, pas de mégot, pas de tag, pas d’énervement, pas de manifestation de joie, pas de siège abîmé dans les trains, à part à Tokyo pas de SDF, … tout est aseptisé. On se croirait dans un immense parc d’attraction. Tout le monde agi pour le bien de la communauté, pour que personne n’éprouve la pire sensation pour un Japonais : être mal à l’aise. Ca donne, parfois, l’impression que la Japon est le pays de droite libérale le plus communiste au monde… Cette sensation de vivre pour la communauté est étouffante. Surtout quand tu ne connais pas la communauté et que la communauté s’approche plus du concept de société.

Les sensations que j’éprouve à l’égard de la société japonaise sont encore contradictoires. Comme prévu il va me falloir du temps pour comprendre ce pays, et c’est agréable, bien que perturbant, cette éternelle remise en question nécessaire pour cerner cette société.

A part ces quelques questions métaphysico chiantes et (car) mal cernées et donc mal décrites, j’ai enfin appris à écrire mon nom en Hiragana, en Kangi et en Katagana ! Ce n’est pas de la tarte ! Les kangis sont les caractères chinois, les hiragana et les katagana sont deux alphabets japonais (tirés des kangis). Chaque Kangi possède plusieurs sens. Dans mon nom on retrouve : vague (avec de l’écume, pas quand tu regardes sans tes lunettes), grand espace, manga, blague et « libre et facile ». De quoi nourrir des dizaines d’interprétations toutes opposées les une des autres… La mère de Midori, directrice d’une école élémentaire, est allée me chercher tous ses livres pour enfant. J’ai donc, avec elle, put répéter les katagana illustrant des chiens, poulpe, poissons,… Puis, sous son regard de professeur, je me suis exercé à tracer les katagana dans le bon sens. C’était assez étrange d’éprouver la sensation d’avoir 5ans alors qu’on approche les 30.

Cette après-midi, nous sommes allés assister (participer) a une grande fête dans un temple près de chez Midori. C’est encore une histoire de Démons et de Dieux, de chance et malchance,… Cette fois, les moines (ou autre personnalité célèbre voulant se montrer dans les journaux) lancent des haricots sur la foule en délire. Il faut évidemment en récupérer le plus possible, puis en manger le même nombre que ton âge (tu es dans la merde quand tu approches les 90 ans…). En décrivant le festival, j’ai l’impression de donner les règles d’un jeu ; ce n’est peut-être pas un hasard si les plus grandes firmes mondiales du jeu vidéo sont japonaise. Malheureusement, il pleuvait, il n’y avait donc pas énormément de personne. Bien protégé par des parapluies, nous attendions le début de la « bataille des haricots » (normalement ce sont des haricots, mais dans le temple de Naruto à Neyagawa, ce sont des cacahuètes…). Avec les prières des moines en fond sonore, un moine (qui ne devait pas aimé prier) est venu nous souhaiter la bienvenu et nous rappeler les règles : pas le droit de pousser, pas le droit de ramasser les cacahuètes par terre (au cas où quelqu’un ne respecte pas la première règle), pas le droit de manger les cacahuètes trouvées par terre (si tu ne respecte pas la seconde règle),… Puis les flics ont annoncé la mauvaise nouvelle. En effet, il devait y avoir près de 15 flics pour faire respecter l’ordre à cette horde déchaînée d’octogénaire en mal de cacahuètes ! Il fallait replier les parapluies (pour ne pas crever un œil à un énervé de la cacahuète). Donc nous voilà, toujours à attendre que les moines aient fini de prier, mais cette fois-ci trempés comme des cons. Les moines arrivent. Des personnalités diverses suivent. Quelques moines jouent du coquillage (genre cor de chasse avant la guerre), les gens sortent leurs sacs, besaces, et autres récipients, (qu’ils utilisaient tous une minute avant pour se protéger de la pluie). Sur les gradins au dessus de la foule qui s’énerve plus de 25 personnes se préparent à nous lancer des cacahuètes ! (Drôle de sensation je vous l’assure… j’avais l’impression d’être un pingouin – voir le début du mail). Pour lancer des cacahuètes, il faut soit être moine du temple, soit être (presque) célèbre, soit être né l’année de la vache (signe zodiacale chinois de cette année) et avoir payé 200yen ! On prit tous ensemble quelques secondes, les prêtres nous souhaites bonne chance (pour obtenir de la chance). Pendant c’est quelques minutes de discours, une dame du balcon, ayant préparé sa réserve de projectile, a laissé malencontreusement tomber une cacahuète tant voulu par cette bande de vieux remontée jusqu’au bout des dentiers. J’ai cru que ça allait dégénérer et que les moines ne pourraient terminer leur jolie discours. Heureusement, une moins vieille a mis tout le monde d’accord en transgressant la deuxième règle plus vite que tout le monde. Un dernier « bonne chance », et c’est parti !!!!!! C’était délirant ! Tout le monde se jetait sur les cacahuètes. Tu ne savais pas qui s’amusait le plus : ceux qui devait attraper ou ceux qui lançaient ces cacahuètes de la dernière chance…Ca a duré 10 minutes. Puis un moine mit fin aux hostilités. Les derniers rebelles ramassaient encore des cacahuètes par terre ou du bout du bras sur l’estrade des moines. Même s’il y avait principalement des vieux (ou bientôt vieux), on pouvait aussi voir des ados, des hommes sortant du boulot, … Toute cette petite troupe s’est dispersée calmement et dans l’ordre, et est retournée chacun chez soit pour manger les cacahuètes, dans l’attente du prochain festival.




Une dernière nouvelle est venu marquée cette semaine : j’ai trouvé un hôte pour m’accueillir ! Je pars donc demain pour Ikumi ! Un minuscule village sur la côte Est de l’île de Shikoku. Je devrait donc découvrir enfin la campagne japonaise, et la ferme de Tomoya san. Tomoya san travaillait dans l’industrie des médias et a décidé il y a un peu plus d’un an d’ouvrir sa ferme bio. Je vais donc l’aider à cueillir, ramasser, ranger, porter, … Fermier, un nouveau métier pour mon CV ! Je ne sais pas grand-chose sur sa ferme. Il est visiblement tout seul, n’a pas assez d’argent pour acheter de la viande, est installé à 3min de la plage (un spot de surf reconnu), et à besoin d’aide… Nous verrons bien. Normalement, je devrais avoir accès à Internet et donc pouvoir continuer à vous donner des nouvelles.

J’ai refait mon sac, rangé ma chambre de 6 tatamis, acheté une belle paire de bottes en caoutchouc, acheté mon ticket de bus, … je suis prêt !

Mata aïmosho.

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