D'un pays à l'autre, les racontars d'un écrivain amateur...

samedi 28 février 2009

Dernière semaine à Ikumi

Les journées se suivent et se ressemblent. Les tomates rougissent, nous récoltons tous les jours maintenant. Et le rythme ne va pas arrêter de s’accélérer. La semaine a été pluvieuse, très pluvieuse et donc avec peu de soleil et un fort taux d’humidité ; tous ce qu’il faut pour faire le bonheur des bactéries ! Donc tandis que l’un d’entre nous récolte, les autres se battent pour éliminer toutes les feuilles infectées ! Une semaine pour faire toute la green house, et on recommence du début !!!

Comme tous les samedis, la semaine s’est terminée par une petite fête très calme ambiance « tisane et petit beurre » comme vous pouvez le voir sur les photos. Majna et Andreas s’étaient mis aux fourneaux pour faire goûter à nos amis japonais la cuisine allemande. Avec Andreas, on a profité de l présence de Shié pour se faire couper les cheveux. Et on a terminé vers 21h (ou un peu après) en allant tous se coucher très gentiment… Le lendemain, Chisato ou Chi pour les fainéants (que j’écrivais Shi dans les légendes de photo précédente) nous a fait faire un road trip vers le cap de Muroto. Superbe malgré la pluie. Et comme la soirée de la veille fut très calme, nous étions en plein forme et donc une journée voiture, restaurant, café convenait parfaitement.

Comme prévu Tomoya s’est absenté trois jours pour visiter sa mère à Yokohama. Et j’ai assuré en tant que gérant de ferme ! J’ai eu l’honneur d’accueillir de nouveau travailleur. Des travailleuses exactement, d’origine japonaises, ayant grandis en hollande, elles sont arrivées à 50 mardi dernier ! Une dizaine est déjà morte cette semaine ; la fatigue du voyage. Elles devraient rester 3 ou 4 mois pour permettre aux tomates de se reproduire. Elles s’habituent tranquillement à leur nouvelle maison. Ca n’enchantait absolument pas Majna de travailler dans la green house avec ces demoiselles, mais finalement la cohabitation avec les abeilles se passe très bien !
Pendant l’absence de Tomoya, Nobuko est venu s’occuper de nous et faire à manger. Dans la pratique on a autant cuisiné qu’elle, mais cette japonaise excentrique ne s’arrêtant jamais de parler, et parlant haut, a apporté une ambiance « papa n’est pas là, la baby-sitter est un peu folle, mais on s’amuse beaucoup ! ».
Mercredi soir, nous sommes allés avec elle prendre l’apéro chez des amis. Et quels amis ! Nous sommes arrivé vers 16h dans un établi de menuisier donnant directement sur la plage, servant aussi de maison quand monsieur ne veut pas rentrer chez lui. Quand Nobuko nous a dit qu’on allait chez des amis surfeurs je m’imaginais des jeunes trentenaires un peu hippies. Nous avons donc été accueillis par trois fringants alcooliques d’environ 40, 65 et 80ans ! Ils étaient déjà totalement… contents ! Ils ne nous ont pas laissé le temps de nous asseoir pour nous servir bière et saké pour que nous rattrapions notre retard de bonheur. Bières, shutsu, tempuras maison, poissons fris, discussions en anglo-japonais-langage des mains, se sont enchaînés jusqu’à 21h. J’adore ces soirées entre alcoolique ne parlant pas la même langue mais faisant tous les efforts possibles pour communiquer. On apprend bien plus sur un pays avec des alcooliques ne parlant que deux mots d’anglais qu’avec de propres bourgeois ayant travaillé en Europe et au USA. Nous sommes repartis, très heureux, avec du riz, des patates douces et un micro onde !



Aujourd’hui, j’ai effectué mais dernières heures de travail dans la green house de Tomoya. Je pars lundi pour la préfecture de Kumamoto (et dimanche est mon jour de congé). Le trajet jusqu’à Takamori va être de toute beauté. Départ prévu, lundi 8h du matin, direction en stop pour Kochi (2h) puis encore du stop jusqu’au port de Sukumo sur la côté est de l’île de Shikoku (6h). Le ferry est à 23h30, arrivé à Saeki vers 2h30 du matin. Nuit dans le port. Puis train jusqu’à Nobeoka (1h) et auto stop jusqu’à Takachiho. Enfin un dernier bus m’emmènera à Turu, où mes nouveaux hôtes devraient venir me chercher… J’espère arriver avant la nuit de mardi !
Ikumi va me manquer. Tomoya, Shié, Chisato, Nobuko, les tomates, Beebee l’abeille, la plage, … Mais je suis heureux d’aller découvrir une nouvelle partie du Japon. Je serai dans la région d’Aso, où se situe la plus grande caldeira en activité au monde. Après la plage, les montagne ! Je ne sais que peu de chose sur mes nouveaux hôtes. Je vous en dirai plus la semaine prochaine.
Kkyushu me voilà !

jeudi 19 février 2009

Prendre soin des tomates, c'est fatigant !

Rire jaune. J’avais déjà fait l’expérience de cette expression en Thaïlande lorsqu’un pêcheur nous avait dit en rigolant que son fils était mort l’année passée. C’est avec ce même rire gêné d’exposer ses problèmes que Tomoya m’a annoncé que sa mère avait un cancer et allait sûrement mourir dans le mois. Il doit donc retourner à Yokohama quelques jours, et va me laisser la responsabilité de ses précieuses tomates ! En deux semaines je suis passé d’ouvrier à gérant intérimaire ! S’absenter trois jours juste au moment où les tomates commencent à rougir, ne l’enchante vraiment pas. Par contre l’imminente mort de sa mère n’a pas l’air de la toucher. C’est assez étrange.



Le temps passe vraiment vite. Un mois que j’ai quitté Paris, plus de deux semaines que je suis à Ikumi. Nous continuons de prendre soin des tomates, avec un œil inquiet sur les feuilles mortes, la température, le taux de nitrogène dans le sol,… On enlève les pétales morts des tomates, on coupe les feuilles pleines de bactérie, on fabrique des boites, on asperge les nouvelles fleurs. En effet, malgré son envie d’être 100% bio, Tomoya s’est résigné, pour des raisons financières, à asperger, en hiver, les fleurs d’hormones pour leur donner un coup de pouce pas super organique ! Mais on fait ça à la manière bio ! Un petit pulvérisateur, une fleur par une fleur,… Encore un long travail vu le nombre de pieds de tomates. Heureusement, dimanche dernier, deux autres Wwoofers nous ont rejoint. Un couple d’allemand de 25/30 ans. Leur aide est précieuse et leur compagnie agréable. Bien sûr j’ai profité de cette délégation allemande pour leur signaler que l’on avait déjà des chanteurs de merde, et le Québec pour les chanteuses hystériques, donc s’ils continuaient à faire passer la frontière aux Tokyo hôtel, ils allaient droit vers la troisième guerre mondial où pire notre Razmokette à talonnettes nommerai Bachelot ambassadeur à Berlin !

C’est curieux la manière dont nous fonctionnons. Moi, parisien d’adoption, étant plus à l’aise à casser des murs (ou autre) plutôt que travailler avec minutie, dont les seuls légumes que je mangeai étaient ceux de mon Kebab, … Je me retrouve à Ikumi, village de 120 personnes, à enlever des pétales morts dans un amas de branches de tomates fragiles, à ne manger que des légumes et de temps en temps du poisson, … et je suis heureux. En parlant de poisson, ceux qui me connaissent un peu plus, savent qu’en France je mange du poisson régulièrement. Il m’est même arrivé d’en manger deux fois par an. Je suis un passionné des arêtes. Je me suis retrouvé à manger un demi poisson dans une soupe avec des baguettes. C’est un peu comme manger des crevettes en les décortiquant avec sa fourchette et son couteau !
Le seul vrai lien avec ma vie d’avant, est qu’on piccole tous les soirs ! Et évidemment, pour économiser, on brasse notre bière ! Que du bonheur !
Ma vie de fermier continue donc tranquillement, entre le boulot, les soirées, l’Onsen, l’apprentissage difficile des origamis et du japonais, les balades sur la plage et l’escalade (j’ai encore trouvé de nouveau blocs assez important pour me faire un pan naturel face à l’océan pacifique…).
Aujourd’hui, j’ai eu l’honneur de faire la première récolte de tomates ! Bien rouge, goûteuses, avec la taille d’un pamplemousse, un vrai régal !
Comme Tomoya a besoin de moi, je vais rester quelques jours supplémentaires et ne partir vers l’ouest que jeudi prochain vers la montagne Aso.

Sinon quelques anecdotes intéressantes sur le Japon. Vous avez peut-être vu sur Internet la vidéo du ministre de l’économie Japonais totalement bourré à une réunion du G7 (il espère peut-être épousé une chanteuse ex top model …). Son excuse fut encore plus minable que celle de notre président talonitto lors du même incident : il n’avait pris que des médicament ! Sachant que Tomoya soigne son rhume en buvant sa bière et du saké, ceci explique peut-être ce-là.
Autre petite histoire drôle, vous connaissez peut-être les rice cake. Ce sont des boules de riz très dense et gluant avec lesquels tu peux colmater un trou dans la coque de ton bateau. Au japon, c’est une tradition, on mange ces rice cake à noël. Et qui sort-on deux fois par ans, à noël et à la toussaint ?? Nos vieux ! Alors chaque mois de décembre, les présentateurs télé répètent inlassablement de nombreuses recommandations : mangez doucement, ne parlez pas aux anciens pendant qu’ils mangent pour ne pas les déconcentrer, buvez du saké avant pour faire glisser… Malgré ces ultimes conseils, près de 100 personnes meurent chaque année étouffés par un rice cake…
Sinon, j’ai un conseil pour Nico. Alors si quelqu’un le connaît donnez lui l’adresse de mon blog. Le chômage est un véritable problème ! Le japon a trouvé une bonne manière de le résoudre. Il a tout simplement adapté à l’ensemble du pays les méthodes de notre DDE. Tu embauches des personnes à rien foutre, et pour ne pas qu’il s’ennuie, tu en embauche au moins deux ! C’est hallucinant, le nombre de job où les gens ne servent à rien. Pour rester dans le monde de la DDE, lorsqu’il font des travaux, et doivent bloquer une partie de la route, ils mettent des barrières, des trucs qui clignotent, des signes au sol,… pour l’instant tout est normal. Mais en plus, ils ajoutent deux mecs avant et après avec des drapeaux pour demander aux voitures de ralentir et les saluer, deux ou trois mecs de chaque côté pour gérer l’alternance des voitures, deux mecs pour demander aux voitures de ne pas rouler trop vite au niveau des travaux, plus un mec de chaque côté pour faire la circulation des piétons ! Tout ça pour deux mecs qui bossent sur le chantier…Si en plus les travaux sont au niveau d’un carrefour, ce n’est plus 12 personnes mais 30 qui sont là pour gérer la circulation ! Chez nous on embaucherait plutôt des noirs ou des arabes, chez eux c’est des vieux, qui passent donc leur journée dans le froid et le vent debout à faire des signes aux voitures… J’ai aussi vu des mecs (dans tous ces boulot inutiles, ce sont toujours des hommes) arrêter les voitures (au niveau d’un feu rouge) pour aider à la sortie d’un parking, des mecs qui ne font que dire bonjour, ou qui protège le piéton tête en l’air d’un trou dans le trottoir d’au moins dix centimètres, déjà signalé par des barrières et des panneaux bien sûr ! Evidemment, vous allez me dire que les entreprises n’ont pas les moyens d’embaucher autant de monde. C’est sûr qu’il va falloir faire des concessions ! En premier, tu arrêtes le smic, tu t’arranges pour que les juges des prud’hommes ne puissent plus bosser, tu crées des contrats avec des périodes d’essai de deux ans,… Je connais un cow-boy Texan qui vient de quitter son taf qui pourra très facilement conseiller Nico pour ce genre de détails.
Petite chose étrange au japon, alors que les villes ressemblent par leur propreté à des hôpitaux, les plages sont déguelasses ! Tu te retrouve à admirer la puissance de l’océan pacifique, plongé dans des réflexions telles la taille de l’homme dans l’univers, les droits de l’homme sur la nature, la liberté des oiseaux, la beauté du couché de soleil, et ce que tu vas manger ce soir, les pieds entre des bouteilles en plastique, les sandales, les hameçons, … avec la mer qui te dit d’une vague bien ironique : « excusez-moi mais je crois que tout ceci est à vous ».

dimanche 8 février 2009

Romain à la ferme

Ma mère m’a souvent dit que ma principale qualité était ma chance. Encore un fois, j’ai de la chance. J’ai donc quitté Osaka pour la province de Kochi sur l’île de Shikoku. L’ambiance de ma destination s’est révélée dès la montée dans le bus : il y avait 4 personnes en tout et nous n’avons pris aucun passager en route. Le paysage était superbe. De la gare de bus de Osaka, tu traverses le quartier des affaires, tu longes le port, puis tu traverses la banlieue en longeant l’océan jusqu’à Kobe. De nouveau tu longes le port (de Kobe cette foi-ci) puis tu te diriges vers le premier des deux ponts gigantesques qui vont t’amener sur l’île de Shikoku. Une fois sur Shikoku, on a longé l’Océan Pacifique pendant 2 bonnes heures. Je quittais enfin les grandes métropoles surchargées. A 17h45, le car s’est arrêté à Ikumi. Le terminus du bus et aussi le mien. Il n’y avait plus que moi dans le bus. Tomoya m’attendait dans sa minuscule camionnette (qu’a dut être distribué gratuitement car je crois que tous les habitants d’Ikumi ont la même). J’allais enfin commencer mon nouveau métier de Wwoofer !
Ikumi est un village d’environ 1500 habitants, pour la majorité des fermiers. Posé au pied des montagne et les siens dans l’Océan Pacifique. C’est un endroit superbe. Calme, silencieux, parsemé de magasin de surf,… C’est un peu irréel. Depuis quelques jours, je suis donc dans ce village à l’autre bout du monde, et j’y suis bien.
La journée commence à 7h avec le petit déjeuner (et Tomoya m’a averti aujourd’hui que le soleil allait se lever plus tôt et donc nous aussi…). Un bol de riz avec un œuf cru, une miso soup, quelques restes de la veille, un café, une clope, Tomoya lit le journal des agriculteurs et m’annonce tous les matins qu’il n’y a rien d’intéressant. 7h30 on enfile nos bottes et on se dirige vers la serre à une trentaine de mètre. A Ikumi, j’ai enfin retrouvé un soleil qui chauffe. Un soleil qui brille sans pollution. A nuit est froide (environ 3° et la maison n’est ni chauffée ni isolée…) mais il fait bon de sortir et de toutes les façons, il fait déjà 12° dans la serre. Dans une heure, on devrait atteindre les 24° nécessaire aux précieuses tomates de Tomoya. Il ne cultive que des tomates (et quelques légumes pour sa consommation personnelle). Dans la serra il y a 1800 pieds de tomates et cette année, Tomoya aimerai récolter 15 tonnes.



Mon premier boulot fut d’enlever les pétales morts sur les tomates. Le deuxième fut de couper les feuilles malades. Je passe donc ma matinée à quatre pattes, debout, penché, à genoux,… à couper et à cueillir. Une rangée compte environ 60 pieds. Pour le moment, on ne s’occupe que de la moitié de la serre. C’est étrange, le boulot n’est pas particulièrement fatigant mais tu es vite exténué. Et mon dos déjà fragile est mis à rude épreuve. Mais qu’il est bon de refaire quelques choses de ses mains, de produire…Et ce travail, routinier, répétitif, est tellement reposant pour la tête. Pendant mes 6 heures de travail quotidienne (réglementé par l’organisation Japonaise du Wwoofing), j’ai le temps de penser, réfléchir, rêver, chanter (dans ma tête je vous rassure),… Et il y a un moment où tu comptes. Un peu moins de deux heures pour enlever les pétales d’une rangée, 60 pieds par rangée, 15 tomates par pieds, soit un peu moins de 2 minutes par tomates. Il y a 1800 pieds. Ce n’est pas fini… Aujourd’hui j’ai fini de m’occuper de six rangées, ça en fait des tomates !
Tomoya est un agriculteur bio. Pas produit chimique, pas de pesticide, … Que des éléments naturel. Par exemple, pour ajouter du magnésium, il laisse tremper une pierre (riche en magnésium, trouvée sur Internet) dans une grande poubelle d’eau, et le tour est joué ! Pareil pour le potassium. Puis il y a tous ces produits à base de poisson (qui put !!!),…C’est sûrement assez basique, mais pour moi ne connaissant pas le monde du bio (ni des légumes à dire vrai), les journées sont pleines de découvertes ! (Si vous avez des questions n’hésitez pas, je demanderai les réponses)
Mon hôte a un peu plus de 35 ans. Ancien salarié de boite de pub à Tokyo, il a tout planqué, fait deux ans d’études pour apprendre les bases du métiers et est venu se perdre à Ikumi. Voyageur, surfeur, rouleur en vélo, cultivé et curieux, passionné de musique, nos discussions deviennent de plus en plus intéressantes.
Must du Must, en me baladant sur la plage, j’ai découvert des blocs pour grimper ! Nous y sommes allés avec Tomoya, puis avec Shié et son mari (des amis). Shié est une gentille femmes de maison et son mari un con prétentieux, imbu de lui-même, raciste et débordant de préjugés ! J’ai aussi fait la rencontre de Shi, une institutrice de 40 ans venu à Ikumi pour le surf à qui j’en donnais 35, et Hachi une surfeuse de 29 à qui j’en donnais 24 ! Le temps ne marque pas les Japonais de la même manière. Il est vraiment difficile de leur donner un age. On s’est tous rencontré hier soir lors d’une soirée bien arrosée. Le réveil ce matin a été dur…
Tout le monde ne parlait pas anglais mais tout le monde faisait des efforts (malgré mon assiduité quotidienne pour apprendre le japonais, ce n’est pas demain que je comparerai l’escalade et le surf dans la langue de Musachi).
Et puis il y a eu cette soirée au « resto » avec Tomoya. La réservation était pour 18h (on mange généralement entre 18h et 18h30). Tomoya me demande de prendre des cigarettes pour deux, car il fume normalement des roulés mais ne veut pas les fumer devant des gens du village. Ils penseraient qu’il fume de la marijuana. C’est assez drôle la relation qu’entretient Tomoya avec les gens du village. Ces derniers sont très méfiant vis-à-vis des nouveaux et encore plus des surfeurs (alors Tomoya qui est les deux…). Il fait donc tout pour bien s’intégrer et ne choquer personne. Pas de marijuana chez lui, alors qu’il en fumait de temps en temps, les pieds de tomates du côté de la rue (à la portée des regards indiscrets) sont installés de manière traditionnelle (debout accrochés à un filin au dessus) mais tous les autres de sa serre sont couchés pour que l’eau arrive plus facilement jusqu’à la fin du pied (technique nouvelles donc étrange)… Donc nous voilà dans ce restaurant : une pièce (un garage plus exactement tout en béton et sans aucune déco), trois tables en plastique, 7 planches de surf, la nourriture déjà prête. Et mamie, qui dès notre arrivée c’est mise à parler et n’a jamais arrêté, et Tomoya acquiescent régulièrement… Deux énormes pancake (tomates, calamar, patates, et autres ingrédients), des nouilles, trois bières (chacun) et une bouteille de saké plus tard on repart avec les restes plus d’autres cadeaux (de la nourriture). Tomoya n’a rien payé. En ce moment, il est très pauvre, donc c’est le troc qui est privilégié. Une caisse de tomates égale un dîner, ou une demi-journée d’aide dans la serre, ou des pâtes d’une entreprise de Yokohama,….
Je vous parlais d’habitudes dans mon dernier billet, cette fois-ci les habitudes sont venues du métier de fermier… Deux heures de boulot le matin, la pause café, deux autres heures, lunch break, puis c’est reparti pour mes deux dernières heures…Toutes les journées sont réglé grâce à l’horloge (électronique) du village : 6h du mat, 12h, 17h et 21h heure d’aller au lit… Le travail (et l’alcool) est fatigant, et en général on dort tous les deux avant 22h !
C’est étrange, beaucoup de choses commencent à me manquer, mes amis, ma famille, les soirées, mais je suis bien et je n’ai aucune envie de rentrer. C’est tellement agréable d’avoir le temps de penser, de vivre, d’être face à une nouvelle culture. D’apprendre.
En parlant d’apprendre, nous avons fait un marché avec Tomoya : je lui apprends à grimper et si je reviens cet été (où il fera plus chaud et surtout où ses tomates lui laisserons plus de temps) il m’apprendra à surfer.
Il est 21h. L’horloge vient de sonner. Tomoya est à un dîner en ville. Il fait 12° dans la maison. Mes questions sur la vie ne me font plus peur, j’ai le temps de trouver des réponses.

mardi 3 février 2009

Derniere semaine à Osaka

Les habitudes apparaissent vite. Je n’écris pas pendant une semaine et je me fais reprendre à l’ordre ! C’est aussi à cause des habitudes que je suis resté plus silencieux pendant cette semaine. J’ai une grande force pour un voyageur : je m’adapte facilement, recrée un quotidien assez vite. Voilà deux semaines que je suis chez les Kujime et bien que ce soit des fois un peu pesant, c’est aussi très agréable. Le rythme est plutôt cool, me levant rarement avant 10h, passant l’après-midi à visiter et me balader ou simplement à glander, lire, écrire, penser...

Comme prévu mercredi dernier, nous sommes allés avec Midori à Kobe à une trentaine de kilomètres plus à l’ouest qu’Osaka. J’ai toujours aimé les grands ports commerciaux. Ces grues, ces chantiers, cette activité incessante,… Kobe est une des villes les plus riches du Japon. Calme, sereine, paisible, même son port parait jouir de cette atmosphère. Coincé entre l’océan pacifique et une colline sur laquelle la ville est accrochée, elle donne l’impression d’une enfant gâtée dans les bras réconfortant de ses deux parents. Après une rapide visite de China Town (elle ne comprend qu’une rue !), nous nous sommes dirigés vers le port. Quelque soit le pays, on retrouve quelques choses de commun à tous les ports du monde. Cette ambiance d’éternel départ ou de retour, d’attente, le tout apaisé par l’immensité d’un océan ou d’une mer.



Mais bon, la mer c’est bien beau, l’océan pacifique s’est reposant, mais je ne suis pas à Kobe, pour prendre une photo d’une étendu de flotte ! Kobe, avant tout, c’est le bœuf de Kobe ! Réputé pour être la meilleure viande du monde, je ne pouvais faire autrement que de goûter à Kobe, le bœuf de Kobe. Nous voilà donc parti à la recherche d’un restaurant pas trop cher pour tester cette viande (que Midori n’a jamais testé non plus). Les bœufs servant pour la viande sont massés pour attendrir leurs chairs durant leur élevage. Et des masseurs de bœuf, ça se paye ! Après quelques recherches, nous n’avons pas trouvé moins de 30 euros (environ) les 100g de « Kobe Beef » dans un resto ! Je dois l’avouer, même s’il est difficile de ce faire un avis avec 100g pour deux, c’est très bon, la viande fond sur la langue, pleine de goût… Après ce repas mémorable, nous nous dirigeons vers Kitano. C’est un drôle de quartier, où les japonais viennent faire du tourisme, pour voir des maisons occidentales. Tu peux donc voir (et visiter) la maison du Danemark, des Pays-Bas (avec son moulin), de la France (probablement la plus moche),… C’est globalement inintéressant, laid, et en pente donc fatigant !

C’est étrange, car même si Kobe n’a rien de particulièrement intéressant à dévoiler, son atmosphère est extrêmement reposante à côté des mégalopoles que sont Osaka et Tokyo, et je m’y suis bien plu.

Le reste de la semaine a été plutôt très calme… Une journée escalade, une journée cinéma, une journée glande,… Dimanche, nous sommes aller faire un tour sur le port d’Osaka pour profiter du soleil (qui commençait à se faire rare). Et j’ai assisté à un étrange spectacle. Devant l’aquarium (très réputé mais trop cher, dans la vie il faut faire des choix : le bœuf de Kobe ou l’aquarium), les gens se sont amassés sous les conseils d’une bonne dizaine d’hommes en jaunes (les gens de l’aquarium). On se retrouve donc autour d’un petit circuit pour admirer une parade. Une parade de pingouin. Au milieu des enfants, une petite dizaine de pingouin a débarqué dirigé de main de maître par quelques bonshommes en jaune. Ils ont parcouru les 20m du circuit puis 5min plus tard sont repassés dans l’autre sens. Ce petit cortège était fermé par un bébé pingouin dans un chariot. Je ne sais pas vraiment pourquoi ce défilé m’a paru étrange. Des zoos, des aquariums, des parades d’animaux ou d’ethnies quelconques, il y en a souvent, j’en ai déjà vu, cette exploitation de ce qui est différent, pour notre simple curiosité, sans jamais chercher à comprendre, n’est pas nouvelle. Mais ces pingouins, sur le port d’Osaka, m’ont vraiment paru irréelle. Je comprendrai peut-être pourquoi un jour. Puis, encore plus grotesque, une bonne centaine de personnes ont fait la queue, pour avoir une chance d’appartenir au cercle VIP des 5 personnes qui allait pouvoir se faire photographier avec un pingouin et dire « j’y étais », « je l’ai fait ! »

From Divers

Pour compléter cette journée, nous avons escaladé la montagne la plus petite du Japon : 4m53 ! Officialisée « montagne » au début du siècle, elle est matérialisée par une pierre avec une croix…No comment.

Nous avons fini cette journée avec des amis a Midori, dans un resto puis un bar, et le lendemain matin fut assez difficile… Mais j’ai enfin put discuter avec d’autre japonais que Midori. Un couple nouvellement marié, dont madame, prof d’anglais, n’arrêtait pas de me répéter qu’elle était heureuse avec son mari, et qu’elle ne regrettait absolument pas son ancien petit ami canadien (je pourrai raconter toute son histoire de sa décision de quitter Seattle pour s’installer a Toronto,… mais je ne suis pas sûr que ce soit palpitant). Etrange de parler du mari de madame (et de son ex) quand celui-ci est assis à côté de toi mais de comprend pas un mot d’anglais. Et Tika, une jeune fille sortant d’une relation plutôt violente avec un mec (qui lui a laissé quelques jolies cicatrices pour qu’elle ne l’oubli pas), ayant vécu en Angleterre et en Espagne, qui aime véritablement le Japon mais qui ne comprend que difficilement sa politique et son peuple qui ne fait rien… (leur premier ministre, le troisième en un an, est passé sous la barre des 20% de satisfait, mais il restera probablement à sa place encore 3ans). Elle rêvait du jour où tous les japonais arrêteraient de payer leurs impôts pour faire connaître leur mécontentement. Il y a de l’anarchie dans l’air… Puis on a abordé la question des religions (étant en train de finir un livre sur la création d’Israël, et ayant lu les dernières prouesse du Pape, j’étais bien remonté). Elle étant profondément bouddhiste et curieuse, ce fut une discussion forte intéressante.

J’ai hâte de quitter cette grande métropole. La propreté, l’hygiène et la sécurité y sont hallucinantes. Pas de déchet, pas de mégot, pas de tag, pas d’énervement, pas de manifestation de joie, pas de siège abîmé dans les trains, à part à Tokyo pas de SDF, … tout est aseptisé. On se croirait dans un immense parc d’attraction. Tout le monde agi pour le bien de la communauté, pour que personne n’éprouve la pire sensation pour un Japonais : être mal à l’aise. Ca donne, parfois, l’impression que la Japon est le pays de droite libérale le plus communiste au monde… Cette sensation de vivre pour la communauté est étouffante. Surtout quand tu ne connais pas la communauté et que la communauté s’approche plus du concept de société.

Les sensations que j’éprouve à l’égard de la société japonaise sont encore contradictoires. Comme prévu il va me falloir du temps pour comprendre ce pays, et c’est agréable, bien que perturbant, cette éternelle remise en question nécessaire pour cerner cette société.

A part ces quelques questions métaphysico chiantes et (car) mal cernées et donc mal décrites, j’ai enfin appris à écrire mon nom en Hiragana, en Kangi et en Katagana ! Ce n’est pas de la tarte ! Les kangis sont les caractères chinois, les hiragana et les katagana sont deux alphabets japonais (tirés des kangis). Chaque Kangi possède plusieurs sens. Dans mon nom on retrouve : vague (avec de l’écume, pas quand tu regardes sans tes lunettes), grand espace, manga, blague et « libre et facile ». De quoi nourrir des dizaines d’interprétations toutes opposées les une des autres… La mère de Midori, directrice d’une école élémentaire, est allée me chercher tous ses livres pour enfant. J’ai donc, avec elle, put répéter les katagana illustrant des chiens, poulpe, poissons,… Puis, sous son regard de professeur, je me suis exercé à tracer les katagana dans le bon sens. C’était assez étrange d’éprouver la sensation d’avoir 5ans alors qu’on approche les 30.

Cette après-midi, nous sommes allés assister (participer) a une grande fête dans un temple près de chez Midori. C’est encore une histoire de Démons et de Dieux, de chance et malchance,… Cette fois, les moines (ou autre personnalité célèbre voulant se montrer dans les journaux) lancent des haricots sur la foule en délire. Il faut évidemment en récupérer le plus possible, puis en manger le même nombre que ton âge (tu es dans la merde quand tu approches les 90 ans…). En décrivant le festival, j’ai l’impression de donner les règles d’un jeu ; ce n’est peut-être pas un hasard si les plus grandes firmes mondiales du jeu vidéo sont japonaise. Malheureusement, il pleuvait, il n’y avait donc pas énormément de personne. Bien protégé par des parapluies, nous attendions le début de la « bataille des haricots » (normalement ce sont des haricots, mais dans le temple de Naruto à Neyagawa, ce sont des cacahuètes…). Avec les prières des moines en fond sonore, un moine (qui ne devait pas aimé prier) est venu nous souhaiter la bienvenu et nous rappeler les règles : pas le droit de pousser, pas le droit de ramasser les cacahuètes par terre (au cas où quelqu’un ne respecte pas la première règle), pas le droit de manger les cacahuètes trouvées par terre (si tu ne respecte pas la seconde règle),… Puis les flics ont annoncé la mauvaise nouvelle. En effet, il devait y avoir près de 15 flics pour faire respecter l’ordre à cette horde déchaînée d’octogénaire en mal de cacahuètes ! Il fallait replier les parapluies (pour ne pas crever un œil à un énervé de la cacahuète). Donc nous voilà, toujours à attendre que les moines aient fini de prier, mais cette fois-ci trempés comme des cons. Les moines arrivent. Des personnalités diverses suivent. Quelques moines jouent du coquillage (genre cor de chasse avant la guerre), les gens sortent leurs sacs, besaces, et autres récipients, (qu’ils utilisaient tous une minute avant pour se protéger de la pluie). Sur les gradins au dessus de la foule qui s’énerve plus de 25 personnes se préparent à nous lancer des cacahuètes ! (Drôle de sensation je vous l’assure… j’avais l’impression d’être un pingouin – voir le début du mail). Pour lancer des cacahuètes, il faut soit être moine du temple, soit être (presque) célèbre, soit être né l’année de la vache (signe zodiacale chinois de cette année) et avoir payé 200yen ! On prit tous ensemble quelques secondes, les prêtres nous souhaites bonne chance (pour obtenir de la chance). Pendant c’est quelques minutes de discours, une dame du balcon, ayant préparé sa réserve de projectile, a laissé malencontreusement tomber une cacahuète tant voulu par cette bande de vieux remontée jusqu’au bout des dentiers. J’ai cru que ça allait dégénérer et que les moines ne pourraient terminer leur jolie discours. Heureusement, une moins vieille a mis tout le monde d’accord en transgressant la deuxième règle plus vite que tout le monde. Un dernier « bonne chance », et c’est parti !!!!!! C’était délirant ! Tout le monde se jetait sur les cacahuètes. Tu ne savais pas qui s’amusait le plus : ceux qui devait attraper ou ceux qui lançaient ces cacahuètes de la dernière chance…Ca a duré 10 minutes. Puis un moine mit fin aux hostilités. Les derniers rebelles ramassaient encore des cacahuètes par terre ou du bout du bras sur l’estrade des moines. Même s’il y avait principalement des vieux (ou bientôt vieux), on pouvait aussi voir des ados, des hommes sortant du boulot, … Toute cette petite troupe s’est dispersée calmement et dans l’ordre, et est retournée chacun chez soit pour manger les cacahuètes, dans l’attente du prochain festival.




Une dernière nouvelle est venu marquée cette semaine : j’ai trouvé un hôte pour m’accueillir ! Je pars donc demain pour Ikumi ! Un minuscule village sur la côte Est de l’île de Shikoku. Je devrait donc découvrir enfin la campagne japonaise, et la ferme de Tomoya san. Tomoya san travaillait dans l’industrie des médias et a décidé il y a un peu plus d’un an d’ouvrir sa ferme bio. Je vais donc l’aider à cueillir, ramasser, ranger, porter, … Fermier, un nouveau métier pour mon CV ! Je ne sais pas grand-chose sur sa ferme. Il est visiblement tout seul, n’a pas assez d’argent pour acheter de la viande, est installé à 3min de la plage (un spot de surf reconnu), et à besoin d’aide… Nous verrons bien. Normalement, je devrais avoir accès à Internet et donc pouvoir continuer à vous donner des nouvelles.

J’ai refait mon sac, rangé ma chambre de 6 tatamis, acheté une belle paire de bottes en caoutchouc, acheté mon ticket de bus, … je suis prêt !

Mata aïmosho.