Voyager pour comprendre

D'un pays à l'autre, les racontars d'un écrivain amateur...

jeudi 18 juin 2009

Matane

Je quitte le Japon demain. Après 2 jours à Ikumi qui furent évidemment marqués par deux belles soirées « thé et petit beurre », après avoir envoyé 14kilos d’affaire par bateau en France (la poste est le seul endroit au Japon où j’ai vu des gens s’énerver…), après avoir récupéré mon visa pour la chine, des Yuans, … je suis enfin prêt. Ce sont les semaines des « au revoir », des adieux,… Je suis prêt à deux jours de bateau suivi de deux jours de train !

Je pars « les gamma GT à bloc » ! (L’expression n’est pas de moi, je ne sais même pas ce que c’est, mais elle m’amuse, je t’embrasse cousine).

Je vous laisse sur cette drôle de publicité et vous dit à bientôt !

jeudi 11 juin 2009

(aperce)voir le Fuji-san et partir...

Vu la fin du dernier post, je me doute que vous êtes tous extrêmement impatient de connaître la suite…

Nous sommes donc arrivés à Niigata vers 6h du matin. Tarek, mon compagnon de voyage, de discussion et de boisson, m’a proposé une place dans sa voiture. Nous avons errés de café en restaurant, en attendant qu’il soit assez tard pour qu’il puisse appeler ses relations de travail et le départ de mon bus. Encore donc une matinée de discussion sur le communisme, l’Europe, la liberté, les femmes, le Japon,…

Je suis arrivée à Nagano vers 14h. Evidemment, Nagano accueillait une grande conférence Asie-Pacifique et les hôtels étaient pleins… J’ai quand même trouvé un lit pas trop cher avec un accès à Internet. Car, outre le fait que je suis drogué au web, mon seul moyen de communication avec mes deux guides américaines était les mails ! L’organisation fut un peu difficile mais finalement, le rendez-vous fut pris pour le lendemain vers 18h. Autre concours de circonstance agréable, Koji (qui travailla avec moi à Polépolé) était à Nagano pour voir sa copine. Nous avons donc passé la journée (celle du lendemain après une bonne nuit de repos, suivez sinon on ne va pas y arriver…) à visiter Nagano. En résumé, Nagano est une ville assez internationale, plutôt agréable, mais à part un temple très important pour les bouddhistes, il n’y a pas grand-chose à faire ou à voir… Pour être exact, il n’y a pas grand-chose à faire dans la ville, l’intérêt de Nagano résidant dans ses montagnes et son accès au Alpes Japonaises. Un petit mot quand même sur ce fameux temple de Zenko-Ji. Il abriterait l’Ikko-Sanzon, la première représentation de Bouddha du Japon, arrivé de Corée vers 552. Je mets le conditionnel car une seule personne l’aurait vu depuis un millénaire. En effet, emmailloté, caché, protégé… une rumeur pris de l’ampleur en 1702 comme quoi elle n’existerait pas. On demanda donc à un prêtre d’en confirmer l’existence, ce qu’il fit. A part ce monsieur, personne ne l’a vu ! Tous les sept ans, des milliers de pèlerins viennent admirer une … reproduction !





Le soir venu, je quittais Koji avec l’espoir de le revoir en France l’année prochaine puisque je l’ai convaincu de demander un visa vacance-travail pour la France ! Puis je retrouvais Whitney que j’avais rencontrer à Ikumi (il commence a y avoir beaucoup de nom de lieu et de personne, si vous n’avez pas suivi, bien fait pour vous !). Direction un resto de Nagano, pour une grande fête entre Gaijin (étranger). Je me suis donc retrouvé au milieu de 70 américains, Néo-Zélandais, Anglais,… à piccoler et manger. Quand à minuit on s’est fait virer du resto, avec trois nouvelles connaissances nous sommes allé à Ground 1. Je regrette profondément de ne pas avoir pris mon appareil photo. Ground 1 est un immense bâtiment, d’environ 8 étages, dans lequel, après avoir payé pour 1h30 ou bien « jusqu’au petit matin », tu peux pratiquer autant d’activité que tu veux… Quelques exemples : karaoké, jeux vidéos, rodéo, bowling, tennis (contre une machine ou un copain), ping-pong (contre une machine ou un copain), basket (contre une machine ou un copain), foot, baseball (contre une machine ou un copain), badminton, pêche (avec de vrai poisson), mini-moto, billard, … C’est hallucinant ! Puis on est rentré vers 5h du mat chez Brian (un Irlandais vivant depuis 5 ans au Japon) avec qui nous devions aller grimper le lendemain.

Le départ était prévu à 10h. Quand nous avons quitté l’appartement à midi, nous étions encore bien fatigué… Après 3h de route, nous voilà arrivé à une petite falaise dans un cadre très sympa mais sans grand intérêt au niveau de l’escalade… Nous avons donc pris notre temps avec Brian pour initier deux amis. Bien qu’inintéressant niveau grimpe, ce fut une après midi agréable.





Le soir nous avions rendez-vous chez Alex pour une soirée « The big Lebowski » ! Le concept, après un barbecue, on regarde ce magnifique film, et à chaque fois que « the Dude » boit un white russian, ou que quelqu’un fait un strike, … tu bois ! C’est simple, rigolo et efficace.

Finalement, je n’aurai vu que très peu Whitney et Krissy, mais j’ai maintenant un pied à terre en Irlande, la confirmation que les écossais ont un accent de merde, et j’ai rencontré quelqu’un de Leeds (où j’ai passé quelques mois) dans le nord de l’Angleterre ce qui nous permis de belles discutions sur la haine réciproque entre Anglais et Français comparée à la haine entre Japonais et Coréens.

Le lendemain, en grande forme comme vous l’imaginez, je pris le train pour Kofu à partir de laquelle deux heures de bus m’amèneraient au lac de Kawaguchi et sa vue légendaire sur le mont Fuji ! Et là, dans ce train à moitié vide, comatant comme il faut, mon regard tomba sur LE symbole du Japon, la montagne mystique par excellence, la forme aussi parfaite que naturelle, le Fuji-san ! Et bien, tu as beau ne pas croire une seconde aux légendes bouddhistes, ne rien avoir à foutre du fait que Fuji-san fut un ancien dieu, ne pas connaître un iota de l’histoire géologique du pays, ne rien connaître des volcans à part que c’est chaud et que ça permet d’ouvrir des Onsens, ça fait quelque chose. Il est effectivement superbe, majestueux, grand dans son humilité, simple dans sa forme, il ne pouvait être que Japonais. J’insiste sur cette vue du train, car en plus d’être la première, ce fut d’une certaine manière la seule, puisque à mon arrivée à Kawaguchi, les nuages étaient arrivés et ne quitteront pas la région avant moi… Voici donc les quelques malheureux clichés de cette Grande Montagne qui mérite sa légende, sa réputation, et d’être vu une fois dans sa vie.





Après ces derniers jours de tourisme, me revoilà à Osaka chez les Kujime, pour quelques jours de repos que j’attendais avec impatience… (Les nuits dans la voiture, dans le bateau, par terre chez des gens, dans le bus, l’alcool,… m’ont mis à plat !).

Comme je vous le disais dans un précédent post, face à la crise, le gouvernement Japonais a décidé de donner 12000 Yen (environ 100euros) au citoyens Japonais (et plus pour les plus pauvres), et étant déclaré à la mairie de Neyagawa, je suis considéré comme citoyen Japonais ! Je suis donc parti ce matin, vers 13h (je viens de vous dire que j’étais très fatigué !) à la mairie. Je m’attendais à quelques problèmes vu que je ne parle pas Japonais et que si personne au service des relations internationales de la mairie ne parle anglais, il y avait peu de chance qu’au service « je te donne de l’argent » ce soit le contraire. Je me trompais lourdement. Dans cette pièce ressemblant à une salle de classe, 16 personnes étaient présentes pour deux « citoyens ». La parfaite organisation Japonaise : une première personne t’indique où t’asseoir, une deuxième te reçoit, une troisième fait la photocopie de ta carte d’identité (avec la photocopieuse situé à un bon mètre de la personne en face de toi), une quatrième rentre quelque chose dans un ordinateur surveillée par une cinquième, pendant qu’une sixième prend l’enveloppe tant attendue et la donne à la personne à l’ordinateur qui l’a tend à la personne en face de toi ! Tu écris ton nom, tu vérifies la somme, et c’est fini ! Il faut ajouter à ça un gardien, environ 70ans, qui a sûrement pour rôle de « protéger » les deux grandes boites en carton dans lesquelles attendent une centaine d’enveloppes avec l’argent. (Message à l’intention des voleurs du carnet de croquis de Picasso, arrêtez de vous faire chier en France, allez au Japon, c’est bien plus simple, je ne suis même pas sûr qu’il existe des prisons !). Je n’arriverai jamais à comprendre comment un pays qui embauche autant de gens puisse encore avoir du chômage ! Pour ce pays ayant une réputation d’ultra-libéral et de société inhumaine, je trouve que donner 12000 à tout le monde, même au crétin de français ne possédant qu’un malheureux visa vacance-travail d’un an, est une belle preuve d’ouverture d’espritet de générosité.

Alors, vous allez me dire « Pourquoi ce titre à ce post ? ». Et bien oui, comme vous l’avez peut-être deviné, ou comme vous le savez peut-être déjà, je quitte le Japon. Après quelques formalités, et un passage à Ikumi pour dire au revoir (où j’ai quand même passé près de 2 mois sur 5 mois de voyage), je me dirigerai vers la Chine. Plusieurs raisons se mêlent pour expliquer ce départ : j’ai envie de bouger (quelle surprise !), j’ai une opportunité pour aller grimper et ouvrir des voies dans l’ouest de la Chine (et malheureusement je ne peux le faire que cet été, car les visas pour la Chine seront sûrement très difficiles à avoir à la rentrée à cause de l’anniversaire du partie communiste Chinois), je n’ai plus l’envie de faire du woofing et plus l’argent pour faire du tourisme. Une dernière raison, qui regroupe d’une certaine manière toutes les autres, est qu’au stade où j’en suis, si je veux connaître plus profondément le Japon, il faut que je m’y installe, que j’y travaille, que j’y vive et je n’en ai pas l’envie.

Je me prépare donc à quitter ce beau pays par le trajet qui sera probablement le plus fatigant de ma vie de voyageur. En effet, étant radin et aimant me considérer écolo en rejetant, quand ça m’arrange, les voyages en avion, je quitterai Osaka le vendredi 19 au matin pour arriver au port de Shanghai le 21 au matin, et après avoir traversé la ville jusqu’à la gare sud de cette mégalopole, je prendrai le train jusqu’à Kunming, où j’arriverai normalement, après 35h de trajet, le 23, de laquelle il me restera 5h de bus pour retrouver la ville de Dali. Cela risque d’être…intéressant !

Je ne me risquerai pas à faire un bilan de ce voyage au Japon. Je le quitte dans un mélange de tristesse et de joie. Ce fut un peu comme ces amours de vacances qui n’ont pas de futur dès le début, dont tu profites passionnément, et dont il reste une belle amitié et des souvenirs superbes. Ce voyage fut à l’image des nombreuses rencontres que j’ai eu la chance de faire durant ces 5 mois, qui pour la plupart n’auront aucune suite, mais qui furent simplement belles et enrichissantes. Il va me falloir du temps pour tout digérer et pour comprendre ce que j’ai vu et ressenti. Le temps, on en revient encore à cette notion qui fut si présente le long de ce voyage. Le temps, la différence, la simplicité, la beauté, la liberté, l’enrichissement…

jeudi 4 juin 2009

Road Trip en Hokkaido....

Que de choses à raconter. Je vous racontais dans mon dernier post que je partais pour Sendai pour y prendre le ferries pour Hokkaido, et maintenant je vous écris du bateau qui me ramène sur l’île d’Honshu (l’île principale du Japon) de Otaru à Niigata où je devrais arriver après 18h de traversée !

Commençons donc par le début. Sendai est une ville très agréable. L’ambiance y est décontractée, et se balader dans ses longues avenues bordées d’arbres fut très reposant.

Puis vint l’heure du départ pour Hokkaido ! Cette grande île (plus de 200km de l’est à l’ouest et un peu plus du Sud au Nord) m’a toujours attirée. Elle représente 20% de la superficie du Japon pour 5% de sa population. Elle est réputée pour ses grands espaces et ses magnifiques parcs nationaux. Je n’allais pas être déçu…

Mon trip en Hokkaido commença plutôt bien. Pendant que je « travaillais » (private : et oui jeannett, c’est du travail ;)) sur mon ordinateur dans le bateau, un monsieur d’une soixantaine d’année (il avait 75ans) m’aborda et nous échangeâmes les salutations et questions d’usages. « Where do you came from ? », « Since when have you been in Japan ? », « What do you want to see in Hokkaido ? », entre les « How old are you ? » (Question classique au Japon, vu que la langue japonaise change en fonction du degré de politesse et que ce dernier dépend de l’écart d’âge). Enfin arriva la question (assez courante aussi), « Do you drink alcool ? ». C’est une question assez étrange pour moi, car elle limite le l’acte de partager un verre au seul rend de se bourrer la gueule… Et ce n’est pas « aimes-tu la vodka ? » ou « aimes-tu la bière ? » car « j’aimerai te proposer de partager une bouteille de vodka (ou de bière) ». Non, c’est « aimes-tu l’alcool ? ». Peut importe quel alcool ! Et surtout, cela signifie que « si tu n’aimes pas, je ne viendrai pas m’asseoir à tes côtés ». En tout cas c’est la sensation qui me vient à chaque fois. La dernière signification ne me concerne pas, car ma réponse est toujours « Yes, of course ! I’m french ! ». Donc, cet aimable monsieur me proposa de partager une bouteille de vodka. Il revint donc 5min plus tard avec tout ce qu’il fallait : verres, vodka russe, gâteaux apéritifs, glace,… On partagea quelques verres, en parlant de nos vies respectives, puis il partit comme il était venu… Il m’aida le lendemain à trouver mon bus du port de Tomakomai à Sapporo, me donna une carte de téléphone, demanda pour moi les renseignements à l’office du tourisme,… Une rencontre aussi courte que belle, sans aucun sens, sans formalité, juste de la curiosité et le plaisir de partager. Une rencontre de voyage, une rencontre de voyageur, pas aussi rare qu’on pourrait le penser tant que l’on reste ouvert (comme je pourrais le constater bien vite – que d’accroches délicatement placées pour vous maintenir jusqu’à la fin de ce post !)

Me voilà donc à Sapporo, capitale du Hokkaido, pour préparer ma visite de cette île. Hokkaido est plus détendue que le reste du Japon, on sent que l’on est loin de Tokyo et du gouvernement, ou que l’on a toujours été loin des anciennes capitales impériales (Nara, Kyoto). A part les balades dans la ville, j’ai visité le jardin botanique de Sapporo. Donc si vous n’êtes pas de grand fan des fleurs vous pouvez passer la galerie photo suivante.

La grande question qui se posait était comment visiter Hokkaido. Pour vous donner une idée, c’est un peu comme visiter l’Irlande ou l’Ecosse. L’intérêt principale étant sa nature, aller de ville en ville en train et bus, réduisait beaucoup le plaisir de ce séjour. J’ai donc décidé de louer une voiture ! Je fais donc le tour des agences de location, et je m’en sors pour un bon pris moins de 40 000 yen pour 6jours (c'est-à-dire environ 300 euros). Demandant à chaque fois la voiture la moins chère, je m’attendais à rouler dans un pot de yaourt. Vous allez me dire, que après ma Twingo, ça ne changerait rien. Grave erreur, car les voitures japonaises sont soit plus grandes que les nôtres soit bien plus petites ! Finalement, je n’ai pas bien compris pourquoi, je me suis retrouvé avec une belle et grosse Toyota (pour « Toyota rent a car », ce n’est pas très surprenant), automatique bien sûr, avec gps (en japonais), lecteur CD (je n’en avais aucun), lecteur DVD (je n’en avais encore moins), qui te dit bonjour le matin (en japonais), … En somme une voiture qui me convenait parfaitement ! L’avantage est que vu sa taille, je pus dormir relativement confortablement (je dépensais beaucoup en louant une voiture, mon idée était bien de l’exploiter à fond !). Un problème assez basique c’est vite poser à moi : je n’avais pas de carte en anglais ! Mais finalement, avec la carte des principales routes de l’agence de location, le gps (bien qu’en japonais) et les principaux panneaux d’indications en japonais et anglais, je ne me suis pas perdu une seule fois !

Me voilà donc parti dans ma super Toyota, pour 6 jours de road trip à travers les montagnes, cap et pâturages d’Hokkaido ! On s’habitue assez facilement à la conduite à droite surtout avec une automatique. Une chose rigolote, même dans les voitures manuelles, la pédale d’accélérateur est à droite et l’embrayage à gauche, mais les clignotants sont à droites et les essuies glace à gauche. Tu te retrouves donc assez souvent à indiquer que tu vas tourner dès qu’il se met à pleuvoir…

Première destination, le grand parc national du Daisetsuzan, l’un des premiers parcs nationaux du Japon de plus de 2300 hectares. Les photos parlent d’elle-même je ne vais donc pas m’essayer à des délicates descriptions de paysage… Je vais juste m’attarder sur le rotemburo de Fukiage. Qu’est ce qu’un rotemburo ? C’est un bain extérieur. Dans un onsen (littéralement source d’eau chaude naturelle mais employé pour qualifier bains publiques alimentés par une source naturelle) « classique », il y a des bains en intérieur et si tu as de la chance, un ou des rotemburo. Celui de Fukiage, à l’avantage d’être gratuit. Il est sommairement aménagé, mixte, sans vestiaire ou autres toilettes,… Celui de Fukiage était en plein milieu de la forêt, dans le lit de la rivière, entouré de neige, avec une eau à plus de 40°,… Un délice… Quand j’y suis arrivé, deux messieurs d’un certains âges se prélassaient en discutant. Un peu surpris de vois un étranger, je bombe le torse, et leur montre que les coutumes des onsens et autres rotemburos n’ont plus de secret pour moi ! Malheureusement, en redescendant vers l’endroit ou j’avais posé mes vêtements, j’ai glissé et je me suis lamentablement vautré, nu, dans l’escalier en pierre…Pas de blessure, plus de peur que de mal, mais j’étais couvert de terre. Il n’était pas question que je rentre dans le bain tout dégueulasse, je n’avais pas de récipient pour puiser de l’eau,… donc comment me nettoyer ? Je me suis retrouvé, sous la pluie, nu, à tendre mes fesses à un vieux japonais pour qu’il m’asperge d’eau pour me rincer… Ou comment apprendre l’humilité…

Le parc du Daisetsuzan m’accueillit aussi pour ma première nuit…sur le parking d’un Lawson. Là encore, le concept du Lawson ou autre « convinient stores » mérite quelques explication. Le Japon n’a pas de commerce de proximité un peu comme aux Etats-Unis. Les « convinient stores » sont donc l’équivalent de nos épiciers arabes. Tu trouves de tout, du plat préparé, aux magasines, en passant par l’alcool et des toilettes, un peu plus cher. La grande différence est que ce sont presque tous de grandes franchises : Lawson, 7 eleven, Wallmart,… Malheureusement pour moi, les dépenses pour la location de voiture et l’essence explosant déjà mon budget journalier prévu, je fut pendant 6 jours un fidèle de ces magasins pour mes repas…

Après ce magnifique parc, je suis descendu plus au sud vers le cap d’Erimo. Pluie, vent, tempête, roche,… un air de fin du monde…

Je suis ensuite remonté vers le parc d’Akan où se concentrent, outre les magnifiques paysages, une grande partie de la population Aïnous. Les Aïnous sont au Japon, ce que les Indiens sont à l’Amérique du Nord. Premiers habitants incontestés, massacrés, discriminés, absorbés dans une culture plus grande, détruits grâce à l’alcool et la drogue. Et aujourd’hui, on fait ce qu’on peut pour s’excuser et limiter les dégâts de la discrimination… Dans les années 80, sur les 100 000 Aïnous du Japon seuls 25 000 s’affirmaient comme tels de peur des discriminations. Suites à l’assimilation, il resterait moins de 200 personnes ayant une ascendance exclusivement Aïnoue.

Le Japon est composé de 80% de montagnes ! Le Hokkaido n’échappe pas à la règle, et les volcans, caldeiras, sources d’eau chaudes et/ou sulfureuses pullulent. Je me baladais donc atour d’un des nombreux lacs du parc d’Akan, quand je rencontra Hiroyuki Hayashi san qui randonnais avec sa chienne. Quelques formules de politesse nippono anglaise plus tard, il me propose de partager les œufs qu’il veut faire bouillir dans une source chaude juste à côté. Nous échangeons 10min, et il me propose de passer la nuit chez lui ! Après un peu d’hésitation j’accepte ! Mais avant, nous terminons notre randonnée et faisons une halte dans son « secret onsen », le bain avec la plus belle vue que je n’ai jamais vu…

Je fais une pause, car encore une fois on me propose de partager une bière…

Pour vous, ce n’est qu’une ligne plus tard, mais pour moi 4h ont passées. 4h, mais aussi un paquet de cigarettes, pas mal de canette de bière, un dîner, et des discussion sur l’Europe, le communisme, la vie,… En effet, mon hôte est d’origine japonaise et habite en Pologne. Deux bonnes raisons de boire et de discuter. C’est incroyable ce que l’image du voyageur « libre » peut susciter dans l’imaginaire des gens ; ils veulent absolument tout m’offrir. Ce soir je n’ai payé aucune bière, et il m’a même offert le dîner malgré mes protestations ! Au final, vous m’excuserez mes différentes fautes de frappes, mais je suis pété !

Ou en étais je avant d’être interrompu par moi-même ? Après ce magnifique parc d’Akan et cette rencontre venu de nulle part, je le suivie jusqu’à sa ferme. Encore une fois, je fus accueilli comme un prince, il sortit les bouteilles de vins, le fromage, … Je fus reçu admirablement avec bonté et chaleur dans cette ferme du fin fond de l’Hokkaido, sans pouvoir rendre un centième de ce qu’on m’avais donné à part en étant prolifique sur mes histoires et sur la France. De tout mon cœur, « Merci Monsieur Hiroyuki Hayashi » ! C’est ce genre de rencontre qui te redonne le moral, et qui te rappelle pourquoi tu voyages dans les moments où la France, tes amis et ta famille te manque.

Après cette merveilleuse halte, qui outre la chaleur humaine me permit de bénéficier d’une douche et d’un lit (enfin d’un futon), je fis un détour à Notsuke Bay. Presqu’île magnifique, laissée à l’état sauvage, qui m’attira juste pour sa forme sur la carte…

Puis je me suis dirigé vers le cap de Shiretoko récemment classé patrimoine mondial de l’Unesco. Là, sincèrement, je ne peux que laisser parler les images qui ne retransmettent qu’une partie de la beauté des paysages…

Je ne me voyais pas visiter le Hokkaido sans pousser l’exploration jusqu’à Wakkanai et le cap de Soya le point le plus au nord du Japon. Wakkanai est très proche de la Russie et son influence est très présente : on capte les radios russes, les panneaux sont indiqués en russe,… Nous sommes aussi proches du groupement des îles Kourilles annexées par la Russie après la seconde guerre mondiale, et qui reste un sujet de conflit majeur avec le pays de la vodka.

Je redescendis ensuite vers Sapporo que je traversa pour rejoindre le parc de Shikotsu-Toya :

Puis je finis mon périple par le cap de Muroran, qui fut la cerise sur le gateau :

Je revins à Sapporo après plus de 2000 km, un bon mal de dos, une véritable envie d’une bonne douche, mais surtout émerveillé par la beauté d’Hokkaido. Cette île est un mélange superbement dosé entre l’Irlande, la Bretagne, le Vercors, la Normandie,… Et ces paysages dignes d’un livre n’ont rien à envier à l’hospitalité de ses habitants.

Je ne vais pas me lancer, surtout dans mon état, dans plus de description, j’espère que les images ont parlées d’elles mêmes. Ce fut une semaines de toute beauté, qui me fit découvrir un Japon bien différent des clichés et de sa capitale.

Pour finir ce post, je voudrai vous parler d’argent. Quand quelqu’un me parle d’un voyage, je pense assez vite au budget qui est souvent le facteur limitant et beaucoup de personnes, avant que je quitte la France, m’ont posé la question. Alors voilà : j’ai fait mes comptes et je peux donc vous dire que depuis le 17 janvier 2009, j’ai dépensé en moyenne 586 euros par mois. Sachant que avant ce séjour en Hokkaido, qui fit exploser mon budget, j’étais à 466 euros par mois. J’ai donc dépensé en 4 mois et demi environ 2600 euros.

Sur ce dernier point bassement matériel, je vais aller me coucher pour être en forme pour ma découverte de Nagano avec deux charmantes guides américaines et ensuite la vue du Fuji-Yama… (quelle accroche insupportable... J)

samedi 23 mai 2009

Montagnes et onsens

Je suis donc arrivé à Yamagata après une nuit de bus. Puis un autre bus m’a amené au pied de Gassan Mountain, au cœur de la région de Dewa Sanzan. Dewa Sanzan est une région montagneuse délimitée par 3 (san) montagnes sacrées : Haguro-san, Yudono-san et Gassan. Teiji-san (mon nouvel hôte) m’attend à la station de bus Gassan-Guchi. Il récupère en même temps trois randonneuses du troisième âge qui viennent randonner et qui logeront à Polepole Farm, ma nouvelle résidence pour une dizaine de jour. Polepole Farm est un hôtel de montagne qui comprend un bâtiment principale avec salle de séjour, restaurant, cuisine, nos dépendances, une petite dizaine de chambres et 8 cottages accueillant chacun 5-10 personnes. A polepole, (lire « polépolé », signifiant « take it easy » en swahili, ce qui augure du bon temps), il y a Noruko-san (ou mama-san), Teiji-san (ou papa-san), Atsu-san (30 ans travaillant à polepole depuis 1 ans) et Koji-san (22 ans depuis 3 semaines). Le cadre est magnifique. Entourée de montagnes et de verdure, la ferme (il y a effectivement quelques petits champs) est au pied de la station de ski de Gassan, une des rares du japon ou l’on peut skier toute l’année. Le boulot est assez…polepole. En semaine, peu de guest, donc le boulot est très polepole. Préparation des petits déjeuner, services, ménages, et entretien du terrain. Après la ferme de tomates de Tomoya, c’est véritablement des vacances !

L’après-midi de mon arrivée, je pars avec Atsu cueillir des légumes sauvages. On se gare sur la voie rapide, on enjambe la barrière, et c’est parti, on descend le long d’une petite rivière, entre les amas de neige, de boue, d’arbre,…. Equipé d’un petit panier accroché à la taille, on escalade pour récupérer fleurs, plantes grasses,… Tous ces légumes sauvages sont une des spécialités de la région, et nous croiseront les jours suivants nombreuses voitures arrêtées sur le bas côté. Bonne journée de cueillette bien fatigante, mais le repas du soir (et les suivants) serviront largement de récompense.

Par contre, cette fois-ci, la communication ne va pas être facile : Teiji-san parle anglais difficilement, Noruko-san pas du tout, Atsu vaguement, et Koji doit faire de gros effort pour se rappeler de ces cours de lycée… Mon Japonais s’améliore donc un peu. Chose incroyable, Koji qui n’a pas dit un mot d’anglais le premier jour, s’exprimait très bien en moins d’une semaine (la mémoire…).

Dès l’après-midi du deuxième jour nous partons skier. On me prête des bottes, gants, pantalon, skis (des télémarks) … Petit détail, la dernière fois que j’ai skié, je devait avoir 8ans et c’était du ski de fond… Pas peur pas peur !!! Je suis capable ! Première chose, les bottes de skis, c’est con ! Ca te donne une allure…. C’est Atsu qui sera mon professeur. Moitié anglais, moitié japonais, moitié « je montre », moitié « essaye, tu verra bien » ! La vidéo que vous pouvez voir (cliquez sur l’image pour lire cette dernière), montre ce qui est peut-être mon quatrième tournant de ma vie. Ce qui est pas mal !



Les nombreux temps libre que nous laisse ce dur travail, vont nous permettre de visiter la région. Nous allons donc, avec Koji, traverser le Japon, voir l’océan atlantique d’un côté et la mer du Japon de l’autre (voir la carte), et bien sillonner la région de Dewa Sanzan.

Après étude empirique, il me faut une semaine et demie pour être habitué à un endroit et commencer à avoir des habitudes… Je passe beaucoup de temps avec Atsu et Kochi, à boire avec le premier, fumer avec le deuxième. Les discutions bien que difficiles sont très intéressantes. Les échanges sincères et les fous rires nombreux. Je deviens un meilleur prof d’anglais de jour en jour. Et expliquer à quelqu’un qui ne parle que très peu anglais, pas français, ce que signifie « it depends » (sachant que la définition du dictionnaire ne l’a pas convaincu) ou la différence entre « many » et « a lot », ce n’est pas facile… Koji commence en même temps à apprendre le français (et viendra peut-être en France en octobre ou novembre prochain… Je devrais être payé par l’office de tourisme français !).

Une petite chose rigolote concernant la cuisine à polepole. Chez nous, chalet de montagne, ça signifie bonne bouffe qui tient au corps. Ici, on est peut-être en montagne, on n’en reste pas moins au Japon. C’est donc raffinement, délicatesse, et esthétique de l’assiette.

Enfin, ce séjour à Gassan, fut marqué par la visite d’au moins 6 Onsens dont Koji est fan, et il faut bien l’avouer, on prend vite goût à se tremper dans de l’eau à 40° avec vu sur les montagnes…

Puis mon envie de bouger m’a repris et j’ai décidé de quitter Gassan. J’ai donc repris le chemin de Yamagata vendredi dernier où j’ai retrouvé Midori échappant le temps d’un week-end à la grippe porcine (H1N1, H009, WZD,…) sévissant à Osaka (plus de 300 malades, les écoles des régions d’Osaka et de Kobe fermées une semaine,…). Nous avons donc visité le bel ensemble de temples de Yamadera :



Et la ville thermale de Zao où le mauvais temps ne nous a pas permis de voir une belle caldeira, mais ne nous a pas empêché de nous baigner dans un magnifique Rotemburo (bain extérieur alimenté par une source chaude naturelle). Ce dernier était particulièrement agréable, car très simple, aménagé dans le lit de la rivière, entouré d’arbres verdoyant, bien chaud,….



Je pars aujourd’hui pour Sendai plus à l’est, d’où je vais prendre le bateau pour Hokkaïdo (l’île principale la plus au nord du Japon).Je me prépare donc à une traversée de 14h !! Cette fois-ci, fini le woofing pour l’instant, je reprends mon habit de backpacker pour quelques semaines pour visiter la préfecture la plus grande et la moins peuplée du Japon…

mercredi 6 mai 2009

Dernières semaines à Ikumi...

La vie de fermier continue à la vitesse des tomates, qui est bien plus rapide qu’on ne pourrait le penser. Le travail dans la green house et dans « l’atelier d’emballage » continue tranquillement. Nous avons trouvé, avec Rhonda et Tomoya, un équilibre de vie très agréable. Rhonda se trouve être très intéressante, elle a beaucoup voyagé et n’a pas peur du travail, ce qui nous comble, respectivement, moi et Tomoya. Il y a de plus en plus de travail mais les tomates se vendent bien, et donc le moral est au rendez-vous.


Sinon, on mange toujours aussi bien. C’est épatant comment avec toujours les mêmes ingrédients Tomoya arrive à cuisiner des plats toujours différents ! Et le must, c’est quand Shié se met à la cuisine, alors là, ça ne rigole plus ! La température ayant nettement augmenté depuis février, nous nous sommes mis au barbecue. En France, quand on parle de barbecue, on parle de viande. Au Japon, on parle poisson, et je peux vous dire que j’ai découvert un nombre impressionnant de poisson, toujours plus rigolo les uns que les autres ! L’équipe barbecue se compose de Rhonda, barbecue sensei, et de moi-même, flashlight sensei ! Tomoya nous met à l’épreuve à chaque nouveau barbecue en achetant des poissons toujours plus difficiles à cuire, mais pour l’instant on a relevé avec succès tous les défis !

Par contre, on a essayé d’aller pêcher des calamars et ce ne fut pas véritablement une réussite… Déjà il faisait froid, très froid…Puis, ayant un coup de poigné un peu puissant (vous pouvez éviter les remarques déplaisantes…) j’ai cassé une ligne et perdu un appas… Enfin, il était plus de 6h, c’était donc l’heure de la bière. Après une demi-heure de lancé, on est rentré !






La golden week a complètement transformé Ikumi. C’est la semaine la plus importante pour les Japonais. Ce sont en effet des vacances nationales (les seuls avec une semaines pour le nouvel an) et donc tous les Japonais partent en vacances (leur seule de l’année). Les transports, hôtels, routes sont pris d’assaut. Pour nous pas de vacance, par contre une arrivée massive de woofers (travaillant pour beaucoup comme prof d’anglais au Japon). Nous nous sommes retrouvé jusqu’à 10 ! Ce qui ne paraît pas, mais quand on sait que la population d’Ikumi est de 120 personnes, cela signifie qu’on a augmenté la population de plus de 8% ! De même du côté de la plage, les surfeurs sont arrivés en masse. Plus une place de parking, plus une vague de libre… Ainsi en moins de deux semaines, nous avons accueillis : Louise et Mike (Néo-Zélandais, parlant vite et beaucoup, ponctuant toutes leurs phrases de « sooooooooooo goooooooooooooooooood » bien loin d’être sincère…), Charlie et Matt (anglais d’origine, calme et facile à vivre, avec un accent bien compréhensible…) et Krissy et Whetney (deux américaines très gentilles et cultivées qui ont marqué mon départ en m’écrivant une chanson…), et Félicity et Alex (deux anglais un peu feignasse, Alex difficile à comprendre car il a la voie de Don Corléone). C’est sans compter les amis de Krissy et Whitney, ceux de Félicity et Alex, et ceux de Tomoya !

Ce fut donc pour Tomoya et moi, un cours d’Anglais non stop avec comparaison des accents. Et je vous le confirme, les plus faciles à comprendre sont les anglais ! Une petite remarque assez drôle, depuis que je voyage tous les anglophones m’ont dit que je parlais très bien anglais. Au début, j’étais flatté, puis agacé par cette politesse hypocrite puis j’ai compris. Comme aucun anglais ne parle une langue étrangère (c’est une généralité, ne m’envoyé pas des mails en me disant que c’est faux et que vous avez connu un anglais parlant très bien suédois), il sont tous épatés dès que tu alignes deux phrases… Par contre un préjugé qui est tombé durant c’est deux semaines, les seules qui parlaient japonais étaient les deux américaines. C’est fou, 100jours à la maison blanche, et on voit déjà la différence avec l’air Bush...


En tout cas ce fut un bel échange culturel, de bonne partie de rigolade pendant les soirées « thé et petit beurre », avec de beaux quiproquos de la part de Tomoya ou de moi. Et surtout le travail de la ferme a vraiment bien avancé. Avec Tomoya, on a put se concentrer sur le « jungle ». La green house se compose de 6 toits. Les quatre premiers sont plutôt propres et il y est facile de s’y déplacer. Le 6ème, ce sont les petites tomates, là encore pas de problème. Mais si tu essayes de rentrer dans le 4ème ou 5ème, tu as intérêt d’être préparé… Les arbres sont tellement compacts et grands qu’ont ne voit plus les tomates, chaque mouvement devient un exercice de contorsion pour ne casser aucun pied de tomate,….Donc il fallait tailler. Et tailler dur ! L’idée : tu plonges la tête la première dans les feuilles (mais doucement pour ne rien cassé), tu attrapes comme tu peux le début du pied, tu le longes avec ta main (car tu n’y voit rien), puis quand tu tombes sur des feuilles, tu coupes ! Tout ça jusqu’à la première série de tomates. Après il faut coupé les « tops » pour que l’arbre ne s’éparpille pas trop… Je ne suis pas sûr que ça vous parle, mais à Ikumi ça a alimenté pas mal de discussion !


A une des dernières soirées « thé et petit beurre », qui ce sont pas mal enchaînées la semaine dernière, on m’a fait un compliment incroyable. Le mari de Shié m’a comparé à un Sayen Jin ! Evidemment, je suppose que la plupart d’entre vous ne comprendront pas, mais les fans de Dragon Ball si ! D’accord, on était tous très très contents grâce aux nombreux thés que nous avions bus, mais j’ai quand même été très flatté.


Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas grand-chose à raconter. La vie s’écoule sur fond de couleur de Tomates, de trop de potassium, de pas assez de calcium, d’arbres poussant trop vite, de température trop basse, au rythme des livraisons, de l’arrivée et du départ des woofers,…


J’ai quitté Ikumi hier. Le départ fut douloureux. Je ne suis pas sûr d’y retourner… Rhonda a pleuré, Krissy et Whetney ont chanté, Tomoya m’a remercié, je suis monté dans le bus heureux mais triste. Je suis de retour à Osaka pour deux trois jours. Et, dimanche ou lundi, je pars en direction de Yamagata, où je devrais bosser dans une petite pension. Direction le nord, les montagnes, la neige,…

mercredi 15 avril 2009

Escalade et tomates...

Je suis de retour à Ikumi depuis une semaine. Les choses ont changées à la vitesse de la nature. Les champs de riz sont maintenant inondés, les pieds de tomates me dépassent largement, ont récolte tous les jours entre 50 et 100 kilos de tomate que l’on emballe avant l’arrivée du « delivery service » qui va les disperser dans quelques magasins et restaurants, il fait plus de 35° dans la green house, les surfeurs sont de plus en plus nombreux,…

Cela fait du bien de retrouver un rythme régulier, une activité physique, et de pouvoir concrètement voir le produit de son travail. Tomoya cuisine toujours aussi bien. Les menus sont variés : salade de tomate, riz sauce tomate, curry à la tomate, pâte sauce tomate… Et cette semaine, puisqu’une voisine nous a fait dont d’au moins 4 kilos d’aubergine, c’est salade de tomate et d’aubergine, riz sauce tomate et aubergine…. Tomoya a aussi un (tout) petit peu plus d’argent, et on a donc le droit plus régulièrement à de la viande ou du poisson.

Hier une woofeuse australienne est venu nous rejoindre : Rhonda. Le travail va pouvoir avancer plus vite et Tomoya va pouvoir se reposer un peu. Je crois que c’est la première fois que je parle longtemps avec un ou une australienne. Leur accent est très dur à comprendre. Par exemple le « no » se transforme en quelque chose proche de « noille ». Et sachant en plus que Rhonda parle vite et utilise beaucoup le second degrés, la communication est plutôt difficile. Tomoya a beaucoup de mal à la comprendre, et chose plus étrange, Rhonda a beaucoup de mal à comprendre Tomoya. En gros, il n’y a que moi qui comprenne à peu près tout le monde…

Les journées ont donc repris leur rythme de février avec un peu plus de boulot. Petit déjeuner à 6h, on commence à bosser vers 6h30 jusqu’à une pause d’une demi-heure vers 9h pour finir à 12h. L’après-midi, après 1 ou 2h de boulot, je pars marcher sur la plage, grimper, ou cuver la dernière soirée « thé & petit beurre »…

En plus du ramassage, j’ai l’honneur d’aider Tomoya à la taille des arbres. C’est très intéressant. Je me rappelais évidemment de mes cours de bio du lycée qui nous expliquaient plein de belles choses sur les plantes. Mais on comprend vraiment mieux en travaillant directement. A le place de faire chier les pauvres lycéens avec des heures de cours théorique, il faudrait mieux les envoyer 1 mois chez un fermier bio. Ca serait plus efficace, plus agréable et bien plus enrichissant.

Pour ne pas avoir trimbalé ma caméra pour rien, je me suis amusé à faire un petit clip sur ma salle d’escalade perso à Noné beach. J’ai fait ce clip assez rapidement, vous me pardonnerez donc le montage moyen. Pour la musique, je n’ai pas d’excuse…




J’ai aussi commencé à filmer un peu la ferme, le boulot et les environs pour faire un petit clip pour attirer d’autres woofers.

Je ne sais pas encore combien de temps je vais rester à Ikumi ; peut-être un mois. Puis cette fois-ci, je partirai vers le nord, direction Yamagata-ken et la fameuse île d’Hokkaïdo.

Je n’ai pas grand-chose à vous raconter sur cette dernière semaine, alors je vais vous livrer quelques pensées débiles, inconsistantes, et profondes sur le japon qui me sont venus à l’esprit durant ce voyage :

· Un japonais qui fume (pas des cigarettes) trop à de petits yeux. Il ne voit plus rien.

· Au japon, on aime les bonzaïs par complexe d’infériorité…

· A Okinawa, la population veut le départ des troupes américaines (toujours stationnées ici depuis la 2de guerre mondiale). On les comprend la base est très grande, et il n’y a plus de place pour construire des Mc Donalds et des Starbuck.

· Toujours à Okinawa, un grand japonais, c’est un américain.

· Traditionnellement, il faut finir tout son riz, car il y a 7 dieux dans chaque grain de riz et qu’il faut au fermier réaliser 88 étapes pour cultiver la principale nourriture japonaise. Par contre on peut dormir pendant les cérémonies religieuses sans problème.

· Pour les journaux japonais, Besancenot est le principal adversaire de Sarkozy. C’est officiel le PS a disparu…

· La langue japonaise est tellement subjective que même entre eux ils ne se comprennent pas. C’est normal qu’il n’y ait pas de grêve…

A propos de Okinawa, voici deux photos d’une manifestation de taille moyenne, celle-ci pour le départ des troupes américaines d’Okinawa (île qui ne fit rendu par les américains au Japon qu’en 1972 !) et l’arrêt de l’envoie de leur armée d’autodéfense en Irak et en Afghanistan. Et oui, depuis 1945, le japon n’a toujours pas d’armée au sens propre, mais une armée pour protéger son territoire. En 2001, discrètement, le parlement japonais changea la constitution pour autoriser leur force à soutenir des actions militaires à l’étranger. Mais finalement, les américains ont toujours prétexté, pour légitimer leurs actions militaires, de défendre le peuple américain des terroristes musulman. C’est de l’autodéfense aussi…




Et pour vous quittez avec le sourire, une pub sur un distributeur de boisson :