D'un pays à l'autre, les racontars d'un écrivain amateur...

jeudi 19 février 2009

Prendre soin des tomates, c'est fatigant !

Rire jaune. J’avais déjà fait l’expérience de cette expression en Thaïlande lorsqu’un pêcheur nous avait dit en rigolant que son fils était mort l’année passée. C’est avec ce même rire gêné d’exposer ses problèmes que Tomoya m’a annoncé que sa mère avait un cancer et allait sûrement mourir dans le mois. Il doit donc retourner à Yokohama quelques jours, et va me laisser la responsabilité de ses précieuses tomates ! En deux semaines je suis passé d’ouvrier à gérant intérimaire ! S’absenter trois jours juste au moment où les tomates commencent à rougir, ne l’enchante vraiment pas. Par contre l’imminente mort de sa mère n’a pas l’air de la toucher. C’est assez étrange.



Le temps passe vraiment vite. Un mois que j’ai quitté Paris, plus de deux semaines que je suis à Ikumi. Nous continuons de prendre soin des tomates, avec un œil inquiet sur les feuilles mortes, la température, le taux de nitrogène dans le sol,… On enlève les pétales morts des tomates, on coupe les feuilles pleines de bactérie, on fabrique des boites, on asperge les nouvelles fleurs. En effet, malgré son envie d’être 100% bio, Tomoya s’est résigné, pour des raisons financières, à asperger, en hiver, les fleurs d’hormones pour leur donner un coup de pouce pas super organique ! Mais on fait ça à la manière bio ! Un petit pulvérisateur, une fleur par une fleur,… Encore un long travail vu le nombre de pieds de tomates. Heureusement, dimanche dernier, deux autres Wwoofers nous ont rejoint. Un couple d’allemand de 25/30 ans. Leur aide est précieuse et leur compagnie agréable. Bien sûr j’ai profité de cette délégation allemande pour leur signaler que l’on avait déjà des chanteurs de merde, et le Québec pour les chanteuses hystériques, donc s’ils continuaient à faire passer la frontière aux Tokyo hôtel, ils allaient droit vers la troisième guerre mondial où pire notre Razmokette à talonnettes nommerai Bachelot ambassadeur à Berlin !

C’est curieux la manière dont nous fonctionnons. Moi, parisien d’adoption, étant plus à l’aise à casser des murs (ou autre) plutôt que travailler avec minutie, dont les seuls légumes que je mangeai étaient ceux de mon Kebab, … Je me retrouve à Ikumi, village de 120 personnes, à enlever des pétales morts dans un amas de branches de tomates fragiles, à ne manger que des légumes et de temps en temps du poisson, … et je suis heureux. En parlant de poisson, ceux qui me connaissent un peu plus, savent qu’en France je mange du poisson régulièrement. Il m’est même arrivé d’en manger deux fois par an. Je suis un passionné des arêtes. Je me suis retrouvé à manger un demi poisson dans une soupe avec des baguettes. C’est un peu comme manger des crevettes en les décortiquant avec sa fourchette et son couteau !
Le seul vrai lien avec ma vie d’avant, est qu’on piccole tous les soirs ! Et évidemment, pour économiser, on brasse notre bière ! Que du bonheur !
Ma vie de fermier continue donc tranquillement, entre le boulot, les soirées, l’Onsen, l’apprentissage difficile des origamis et du japonais, les balades sur la plage et l’escalade (j’ai encore trouvé de nouveau blocs assez important pour me faire un pan naturel face à l’océan pacifique…).
Aujourd’hui, j’ai eu l’honneur de faire la première récolte de tomates ! Bien rouge, goûteuses, avec la taille d’un pamplemousse, un vrai régal !
Comme Tomoya a besoin de moi, je vais rester quelques jours supplémentaires et ne partir vers l’ouest que jeudi prochain vers la montagne Aso.

Sinon quelques anecdotes intéressantes sur le Japon. Vous avez peut-être vu sur Internet la vidéo du ministre de l’économie Japonais totalement bourré à une réunion du G7 (il espère peut-être épousé une chanteuse ex top model …). Son excuse fut encore plus minable que celle de notre président talonitto lors du même incident : il n’avait pris que des médicament ! Sachant que Tomoya soigne son rhume en buvant sa bière et du saké, ceci explique peut-être ce-là.
Autre petite histoire drôle, vous connaissez peut-être les rice cake. Ce sont des boules de riz très dense et gluant avec lesquels tu peux colmater un trou dans la coque de ton bateau. Au japon, c’est une tradition, on mange ces rice cake à noël. Et qui sort-on deux fois par ans, à noël et à la toussaint ?? Nos vieux ! Alors chaque mois de décembre, les présentateurs télé répètent inlassablement de nombreuses recommandations : mangez doucement, ne parlez pas aux anciens pendant qu’ils mangent pour ne pas les déconcentrer, buvez du saké avant pour faire glisser… Malgré ces ultimes conseils, près de 100 personnes meurent chaque année étouffés par un rice cake…
Sinon, j’ai un conseil pour Nico. Alors si quelqu’un le connaît donnez lui l’adresse de mon blog. Le chômage est un véritable problème ! Le japon a trouvé une bonne manière de le résoudre. Il a tout simplement adapté à l’ensemble du pays les méthodes de notre DDE. Tu embauches des personnes à rien foutre, et pour ne pas qu’il s’ennuie, tu en embauche au moins deux ! C’est hallucinant, le nombre de job où les gens ne servent à rien. Pour rester dans le monde de la DDE, lorsqu’il font des travaux, et doivent bloquer une partie de la route, ils mettent des barrières, des trucs qui clignotent, des signes au sol,… pour l’instant tout est normal. Mais en plus, ils ajoutent deux mecs avant et après avec des drapeaux pour demander aux voitures de ralentir et les saluer, deux ou trois mecs de chaque côté pour gérer l’alternance des voitures, deux mecs pour demander aux voitures de ne pas rouler trop vite au niveau des travaux, plus un mec de chaque côté pour faire la circulation des piétons ! Tout ça pour deux mecs qui bossent sur le chantier…Si en plus les travaux sont au niveau d’un carrefour, ce n’est plus 12 personnes mais 30 qui sont là pour gérer la circulation ! Chez nous on embaucherait plutôt des noirs ou des arabes, chez eux c’est des vieux, qui passent donc leur journée dans le froid et le vent debout à faire des signes aux voitures… J’ai aussi vu des mecs (dans tous ces boulot inutiles, ce sont toujours des hommes) arrêter les voitures (au niveau d’un feu rouge) pour aider à la sortie d’un parking, des mecs qui ne font que dire bonjour, ou qui protège le piéton tête en l’air d’un trou dans le trottoir d’au moins dix centimètres, déjà signalé par des barrières et des panneaux bien sûr ! Evidemment, vous allez me dire que les entreprises n’ont pas les moyens d’embaucher autant de monde. C’est sûr qu’il va falloir faire des concessions ! En premier, tu arrêtes le smic, tu t’arranges pour que les juges des prud’hommes ne puissent plus bosser, tu crées des contrats avec des périodes d’essai de deux ans,… Je connais un cow-boy Texan qui vient de quitter son taf qui pourra très facilement conseiller Nico pour ce genre de détails.
Petite chose étrange au japon, alors que les villes ressemblent par leur propreté à des hôpitaux, les plages sont déguelasses ! Tu te retrouve à admirer la puissance de l’océan pacifique, plongé dans des réflexions telles la taille de l’homme dans l’univers, les droits de l’homme sur la nature, la liberté des oiseaux, la beauté du couché de soleil, et ce que tu vas manger ce soir, les pieds entre des bouteilles en plastique, les sandales, les hameçons, … avec la mer qui te dit d’une vague bien ironique : « excusez-moi mais je crois que tout ceci est à vous ».

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