D'un pays à l'autre, les racontars d'un écrivain amateur...

samedi 23 mai 2009

Montagnes et onsens

Je suis donc arrivé à Yamagata après une nuit de bus. Puis un autre bus m’a amené au pied de Gassan Mountain, au cœur de la région de Dewa Sanzan. Dewa Sanzan est une région montagneuse délimitée par 3 (san) montagnes sacrées : Haguro-san, Yudono-san et Gassan. Teiji-san (mon nouvel hôte) m’attend à la station de bus Gassan-Guchi. Il récupère en même temps trois randonneuses du troisième âge qui viennent randonner et qui logeront à Polepole Farm, ma nouvelle résidence pour une dizaine de jour. Polepole Farm est un hôtel de montagne qui comprend un bâtiment principale avec salle de séjour, restaurant, cuisine, nos dépendances, une petite dizaine de chambres et 8 cottages accueillant chacun 5-10 personnes. A polepole, (lire « polépolé », signifiant « take it easy » en swahili, ce qui augure du bon temps), il y a Noruko-san (ou mama-san), Teiji-san (ou papa-san), Atsu-san (30 ans travaillant à polepole depuis 1 ans) et Koji-san (22 ans depuis 3 semaines). Le cadre est magnifique. Entourée de montagnes et de verdure, la ferme (il y a effectivement quelques petits champs) est au pied de la station de ski de Gassan, une des rares du japon ou l’on peut skier toute l’année. Le boulot est assez…polepole. En semaine, peu de guest, donc le boulot est très polepole. Préparation des petits déjeuner, services, ménages, et entretien du terrain. Après la ferme de tomates de Tomoya, c’est véritablement des vacances !

L’après-midi de mon arrivée, je pars avec Atsu cueillir des légumes sauvages. On se gare sur la voie rapide, on enjambe la barrière, et c’est parti, on descend le long d’une petite rivière, entre les amas de neige, de boue, d’arbre,…. Equipé d’un petit panier accroché à la taille, on escalade pour récupérer fleurs, plantes grasses,… Tous ces légumes sauvages sont une des spécialités de la région, et nous croiseront les jours suivants nombreuses voitures arrêtées sur le bas côté. Bonne journée de cueillette bien fatigante, mais le repas du soir (et les suivants) serviront largement de récompense.

Par contre, cette fois-ci, la communication ne va pas être facile : Teiji-san parle anglais difficilement, Noruko-san pas du tout, Atsu vaguement, et Koji doit faire de gros effort pour se rappeler de ces cours de lycée… Mon Japonais s’améliore donc un peu. Chose incroyable, Koji qui n’a pas dit un mot d’anglais le premier jour, s’exprimait très bien en moins d’une semaine (la mémoire…).

Dès l’après-midi du deuxième jour nous partons skier. On me prête des bottes, gants, pantalon, skis (des télémarks) … Petit détail, la dernière fois que j’ai skié, je devait avoir 8ans et c’était du ski de fond… Pas peur pas peur !!! Je suis capable ! Première chose, les bottes de skis, c’est con ! Ca te donne une allure…. C’est Atsu qui sera mon professeur. Moitié anglais, moitié japonais, moitié « je montre », moitié « essaye, tu verra bien » ! La vidéo que vous pouvez voir (cliquez sur l’image pour lire cette dernière), montre ce qui est peut-être mon quatrième tournant de ma vie. Ce qui est pas mal !



Les nombreux temps libre que nous laisse ce dur travail, vont nous permettre de visiter la région. Nous allons donc, avec Koji, traverser le Japon, voir l’océan atlantique d’un côté et la mer du Japon de l’autre (voir la carte), et bien sillonner la région de Dewa Sanzan.

Après étude empirique, il me faut une semaine et demie pour être habitué à un endroit et commencer à avoir des habitudes… Je passe beaucoup de temps avec Atsu et Kochi, à boire avec le premier, fumer avec le deuxième. Les discutions bien que difficiles sont très intéressantes. Les échanges sincères et les fous rires nombreux. Je deviens un meilleur prof d’anglais de jour en jour. Et expliquer à quelqu’un qui ne parle que très peu anglais, pas français, ce que signifie « it depends » (sachant que la définition du dictionnaire ne l’a pas convaincu) ou la différence entre « many » et « a lot », ce n’est pas facile… Koji commence en même temps à apprendre le français (et viendra peut-être en France en octobre ou novembre prochain… Je devrais être payé par l’office de tourisme français !).

Une petite chose rigolote concernant la cuisine à polepole. Chez nous, chalet de montagne, ça signifie bonne bouffe qui tient au corps. Ici, on est peut-être en montagne, on n’en reste pas moins au Japon. C’est donc raffinement, délicatesse, et esthétique de l’assiette.

Enfin, ce séjour à Gassan, fut marqué par la visite d’au moins 6 Onsens dont Koji est fan, et il faut bien l’avouer, on prend vite goût à se tremper dans de l’eau à 40° avec vu sur les montagnes…

Puis mon envie de bouger m’a repris et j’ai décidé de quitter Gassan. J’ai donc repris le chemin de Yamagata vendredi dernier où j’ai retrouvé Midori échappant le temps d’un week-end à la grippe porcine (H1N1, H009, WZD,…) sévissant à Osaka (plus de 300 malades, les écoles des régions d’Osaka et de Kobe fermées une semaine,…). Nous avons donc visité le bel ensemble de temples de Yamadera :



Et la ville thermale de Zao où le mauvais temps ne nous a pas permis de voir une belle caldeira, mais ne nous a pas empêché de nous baigner dans un magnifique Rotemburo (bain extérieur alimenté par une source chaude naturelle). Ce dernier était particulièrement agréable, car très simple, aménagé dans le lit de la rivière, entouré d’arbres verdoyant, bien chaud,….



Je pars aujourd’hui pour Sendai plus à l’est, d’où je vais prendre le bateau pour Hokkaïdo (l’île principale la plus au nord du Japon).Je me prépare donc à une traversée de 14h !! Cette fois-ci, fini le woofing pour l’instant, je reprends mon habit de backpacker pour quelques semaines pour visiter la préfecture la plus grande et la moins peuplée du Japon…

mercredi 6 mai 2009

Dernières semaines à Ikumi...

La vie de fermier continue à la vitesse des tomates, qui est bien plus rapide qu’on ne pourrait le penser. Le travail dans la green house et dans « l’atelier d’emballage » continue tranquillement. Nous avons trouvé, avec Rhonda et Tomoya, un équilibre de vie très agréable. Rhonda se trouve être très intéressante, elle a beaucoup voyagé et n’a pas peur du travail, ce qui nous comble, respectivement, moi et Tomoya. Il y a de plus en plus de travail mais les tomates se vendent bien, et donc le moral est au rendez-vous.


Sinon, on mange toujours aussi bien. C’est épatant comment avec toujours les mêmes ingrédients Tomoya arrive à cuisiner des plats toujours différents ! Et le must, c’est quand Shié se met à la cuisine, alors là, ça ne rigole plus ! La température ayant nettement augmenté depuis février, nous nous sommes mis au barbecue. En France, quand on parle de barbecue, on parle de viande. Au Japon, on parle poisson, et je peux vous dire que j’ai découvert un nombre impressionnant de poisson, toujours plus rigolo les uns que les autres ! L’équipe barbecue se compose de Rhonda, barbecue sensei, et de moi-même, flashlight sensei ! Tomoya nous met à l’épreuve à chaque nouveau barbecue en achetant des poissons toujours plus difficiles à cuire, mais pour l’instant on a relevé avec succès tous les défis !

Par contre, on a essayé d’aller pêcher des calamars et ce ne fut pas véritablement une réussite… Déjà il faisait froid, très froid…Puis, ayant un coup de poigné un peu puissant (vous pouvez éviter les remarques déplaisantes…) j’ai cassé une ligne et perdu un appas… Enfin, il était plus de 6h, c’était donc l’heure de la bière. Après une demi-heure de lancé, on est rentré !






La golden week a complètement transformé Ikumi. C’est la semaine la plus importante pour les Japonais. Ce sont en effet des vacances nationales (les seuls avec une semaines pour le nouvel an) et donc tous les Japonais partent en vacances (leur seule de l’année). Les transports, hôtels, routes sont pris d’assaut. Pour nous pas de vacance, par contre une arrivée massive de woofers (travaillant pour beaucoup comme prof d’anglais au Japon). Nous nous sommes retrouvé jusqu’à 10 ! Ce qui ne paraît pas, mais quand on sait que la population d’Ikumi est de 120 personnes, cela signifie qu’on a augmenté la population de plus de 8% ! De même du côté de la plage, les surfeurs sont arrivés en masse. Plus une place de parking, plus une vague de libre… Ainsi en moins de deux semaines, nous avons accueillis : Louise et Mike (Néo-Zélandais, parlant vite et beaucoup, ponctuant toutes leurs phrases de « sooooooooooo goooooooooooooooooood » bien loin d’être sincère…), Charlie et Matt (anglais d’origine, calme et facile à vivre, avec un accent bien compréhensible…) et Krissy et Whetney (deux américaines très gentilles et cultivées qui ont marqué mon départ en m’écrivant une chanson…), et Félicity et Alex (deux anglais un peu feignasse, Alex difficile à comprendre car il a la voie de Don Corléone). C’est sans compter les amis de Krissy et Whitney, ceux de Félicity et Alex, et ceux de Tomoya !

Ce fut donc pour Tomoya et moi, un cours d’Anglais non stop avec comparaison des accents. Et je vous le confirme, les plus faciles à comprendre sont les anglais ! Une petite remarque assez drôle, depuis que je voyage tous les anglophones m’ont dit que je parlais très bien anglais. Au début, j’étais flatté, puis agacé par cette politesse hypocrite puis j’ai compris. Comme aucun anglais ne parle une langue étrangère (c’est une généralité, ne m’envoyé pas des mails en me disant que c’est faux et que vous avez connu un anglais parlant très bien suédois), il sont tous épatés dès que tu alignes deux phrases… Par contre un préjugé qui est tombé durant c’est deux semaines, les seules qui parlaient japonais étaient les deux américaines. C’est fou, 100jours à la maison blanche, et on voit déjà la différence avec l’air Bush...


En tout cas ce fut un bel échange culturel, de bonne partie de rigolade pendant les soirées « thé et petit beurre », avec de beaux quiproquos de la part de Tomoya ou de moi. Et surtout le travail de la ferme a vraiment bien avancé. Avec Tomoya, on a put se concentrer sur le « jungle ». La green house se compose de 6 toits. Les quatre premiers sont plutôt propres et il y est facile de s’y déplacer. Le 6ème, ce sont les petites tomates, là encore pas de problème. Mais si tu essayes de rentrer dans le 4ème ou 5ème, tu as intérêt d’être préparé… Les arbres sont tellement compacts et grands qu’ont ne voit plus les tomates, chaque mouvement devient un exercice de contorsion pour ne casser aucun pied de tomate,….Donc il fallait tailler. Et tailler dur ! L’idée : tu plonges la tête la première dans les feuilles (mais doucement pour ne rien cassé), tu attrapes comme tu peux le début du pied, tu le longes avec ta main (car tu n’y voit rien), puis quand tu tombes sur des feuilles, tu coupes ! Tout ça jusqu’à la première série de tomates. Après il faut coupé les « tops » pour que l’arbre ne s’éparpille pas trop… Je ne suis pas sûr que ça vous parle, mais à Ikumi ça a alimenté pas mal de discussion !


A une des dernières soirées « thé et petit beurre », qui ce sont pas mal enchaînées la semaine dernière, on m’a fait un compliment incroyable. Le mari de Shié m’a comparé à un Sayen Jin ! Evidemment, je suppose que la plupart d’entre vous ne comprendront pas, mais les fans de Dragon Ball si ! D’accord, on était tous très très contents grâce aux nombreux thés que nous avions bus, mais j’ai quand même été très flatté.


Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas grand-chose à raconter. La vie s’écoule sur fond de couleur de Tomates, de trop de potassium, de pas assez de calcium, d’arbres poussant trop vite, de température trop basse, au rythme des livraisons, de l’arrivée et du départ des woofers,…


J’ai quitté Ikumi hier. Le départ fut douloureux. Je ne suis pas sûr d’y retourner… Rhonda a pleuré, Krissy et Whetney ont chanté, Tomoya m’a remercié, je suis monté dans le bus heureux mais triste. Je suis de retour à Osaka pour deux trois jours. Et, dimanche ou lundi, je pars en direction de Yamagata, où je devrais bosser dans une petite pension. Direction le nord, les montagnes, la neige,…