D'un pays à l'autre, les racontars d'un écrivain amateur...

jeudi 11 juin 2009

(aperce)voir le Fuji-san et partir...

Vu la fin du dernier post, je me doute que vous êtes tous extrêmement impatient de connaître la suite…

Nous sommes donc arrivés à Niigata vers 6h du matin. Tarek, mon compagnon de voyage, de discussion et de boisson, m’a proposé une place dans sa voiture. Nous avons errés de café en restaurant, en attendant qu’il soit assez tard pour qu’il puisse appeler ses relations de travail et le départ de mon bus. Encore donc une matinée de discussion sur le communisme, l’Europe, la liberté, les femmes, le Japon,…

Je suis arrivée à Nagano vers 14h. Evidemment, Nagano accueillait une grande conférence Asie-Pacifique et les hôtels étaient pleins… J’ai quand même trouvé un lit pas trop cher avec un accès à Internet. Car, outre le fait que je suis drogué au web, mon seul moyen de communication avec mes deux guides américaines était les mails ! L’organisation fut un peu difficile mais finalement, le rendez-vous fut pris pour le lendemain vers 18h. Autre concours de circonstance agréable, Koji (qui travailla avec moi à Polépolé) était à Nagano pour voir sa copine. Nous avons donc passé la journée (celle du lendemain après une bonne nuit de repos, suivez sinon on ne va pas y arriver…) à visiter Nagano. En résumé, Nagano est une ville assez internationale, plutôt agréable, mais à part un temple très important pour les bouddhistes, il n’y a pas grand-chose à faire ou à voir… Pour être exact, il n’y a pas grand-chose à faire dans la ville, l’intérêt de Nagano résidant dans ses montagnes et son accès au Alpes Japonaises. Un petit mot quand même sur ce fameux temple de Zenko-Ji. Il abriterait l’Ikko-Sanzon, la première représentation de Bouddha du Japon, arrivé de Corée vers 552. Je mets le conditionnel car une seule personne l’aurait vu depuis un millénaire. En effet, emmailloté, caché, protégé… une rumeur pris de l’ampleur en 1702 comme quoi elle n’existerait pas. On demanda donc à un prêtre d’en confirmer l’existence, ce qu’il fit. A part ce monsieur, personne ne l’a vu ! Tous les sept ans, des milliers de pèlerins viennent admirer une … reproduction !





Le soir venu, je quittais Koji avec l’espoir de le revoir en France l’année prochaine puisque je l’ai convaincu de demander un visa vacance-travail pour la France ! Puis je retrouvais Whitney que j’avais rencontrer à Ikumi (il commence a y avoir beaucoup de nom de lieu et de personne, si vous n’avez pas suivi, bien fait pour vous !). Direction un resto de Nagano, pour une grande fête entre Gaijin (étranger). Je me suis donc retrouvé au milieu de 70 américains, Néo-Zélandais, Anglais,… à piccoler et manger. Quand à minuit on s’est fait virer du resto, avec trois nouvelles connaissances nous sommes allé à Ground 1. Je regrette profondément de ne pas avoir pris mon appareil photo. Ground 1 est un immense bâtiment, d’environ 8 étages, dans lequel, après avoir payé pour 1h30 ou bien « jusqu’au petit matin », tu peux pratiquer autant d’activité que tu veux… Quelques exemples : karaoké, jeux vidéos, rodéo, bowling, tennis (contre une machine ou un copain), ping-pong (contre une machine ou un copain), basket (contre une machine ou un copain), foot, baseball (contre une machine ou un copain), badminton, pêche (avec de vrai poisson), mini-moto, billard, … C’est hallucinant ! Puis on est rentré vers 5h du mat chez Brian (un Irlandais vivant depuis 5 ans au Japon) avec qui nous devions aller grimper le lendemain.

Le départ était prévu à 10h. Quand nous avons quitté l’appartement à midi, nous étions encore bien fatigué… Après 3h de route, nous voilà arrivé à une petite falaise dans un cadre très sympa mais sans grand intérêt au niveau de l’escalade… Nous avons donc pris notre temps avec Brian pour initier deux amis. Bien qu’inintéressant niveau grimpe, ce fut une après midi agréable.





Le soir nous avions rendez-vous chez Alex pour une soirée « The big Lebowski » ! Le concept, après un barbecue, on regarde ce magnifique film, et à chaque fois que « the Dude » boit un white russian, ou que quelqu’un fait un strike, … tu bois ! C’est simple, rigolo et efficace.

Finalement, je n’aurai vu que très peu Whitney et Krissy, mais j’ai maintenant un pied à terre en Irlande, la confirmation que les écossais ont un accent de merde, et j’ai rencontré quelqu’un de Leeds (où j’ai passé quelques mois) dans le nord de l’Angleterre ce qui nous permis de belles discutions sur la haine réciproque entre Anglais et Français comparée à la haine entre Japonais et Coréens.

Le lendemain, en grande forme comme vous l’imaginez, je pris le train pour Kofu à partir de laquelle deux heures de bus m’amèneraient au lac de Kawaguchi et sa vue légendaire sur le mont Fuji ! Et là, dans ce train à moitié vide, comatant comme il faut, mon regard tomba sur LE symbole du Japon, la montagne mystique par excellence, la forme aussi parfaite que naturelle, le Fuji-san ! Et bien, tu as beau ne pas croire une seconde aux légendes bouddhistes, ne rien avoir à foutre du fait que Fuji-san fut un ancien dieu, ne pas connaître un iota de l’histoire géologique du pays, ne rien connaître des volcans à part que c’est chaud et que ça permet d’ouvrir des Onsens, ça fait quelque chose. Il est effectivement superbe, majestueux, grand dans son humilité, simple dans sa forme, il ne pouvait être que Japonais. J’insiste sur cette vue du train, car en plus d’être la première, ce fut d’une certaine manière la seule, puisque à mon arrivée à Kawaguchi, les nuages étaient arrivés et ne quitteront pas la région avant moi… Voici donc les quelques malheureux clichés de cette Grande Montagne qui mérite sa légende, sa réputation, et d’être vu une fois dans sa vie.





Après ces derniers jours de tourisme, me revoilà à Osaka chez les Kujime, pour quelques jours de repos que j’attendais avec impatience… (Les nuits dans la voiture, dans le bateau, par terre chez des gens, dans le bus, l’alcool,… m’ont mis à plat !).

Comme je vous le disais dans un précédent post, face à la crise, le gouvernement Japonais a décidé de donner 12000 Yen (environ 100euros) au citoyens Japonais (et plus pour les plus pauvres), et étant déclaré à la mairie de Neyagawa, je suis considéré comme citoyen Japonais ! Je suis donc parti ce matin, vers 13h (je viens de vous dire que j’étais très fatigué !) à la mairie. Je m’attendais à quelques problèmes vu que je ne parle pas Japonais et que si personne au service des relations internationales de la mairie ne parle anglais, il y avait peu de chance qu’au service « je te donne de l’argent » ce soit le contraire. Je me trompais lourdement. Dans cette pièce ressemblant à une salle de classe, 16 personnes étaient présentes pour deux « citoyens ». La parfaite organisation Japonaise : une première personne t’indique où t’asseoir, une deuxième te reçoit, une troisième fait la photocopie de ta carte d’identité (avec la photocopieuse situé à un bon mètre de la personne en face de toi), une quatrième rentre quelque chose dans un ordinateur surveillée par une cinquième, pendant qu’une sixième prend l’enveloppe tant attendue et la donne à la personne à l’ordinateur qui l’a tend à la personne en face de toi ! Tu écris ton nom, tu vérifies la somme, et c’est fini ! Il faut ajouter à ça un gardien, environ 70ans, qui a sûrement pour rôle de « protéger » les deux grandes boites en carton dans lesquelles attendent une centaine d’enveloppes avec l’argent. (Message à l’intention des voleurs du carnet de croquis de Picasso, arrêtez de vous faire chier en France, allez au Japon, c’est bien plus simple, je ne suis même pas sûr qu’il existe des prisons !). Je n’arriverai jamais à comprendre comment un pays qui embauche autant de gens puisse encore avoir du chômage ! Pour ce pays ayant une réputation d’ultra-libéral et de société inhumaine, je trouve que donner 12000 à tout le monde, même au crétin de français ne possédant qu’un malheureux visa vacance-travail d’un an, est une belle preuve d’ouverture d’espritet de générosité.

Alors, vous allez me dire « Pourquoi ce titre à ce post ? ». Et bien oui, comme vous l’avez peut-être deviné, ou comme vous le savez peut-être déjà, je quitte le Japon. Après quelques formalités, et un passage à Ikumi pour dire au revoir (où j’ai quand même passé près de 2 mois sur 5 mois de voyage), je me dirigerai vers la Chine. Plusieurs raisons se mêlent pour expliquer ce départ : j’ai envie de bouger (quelle surprise !), j’ai une opportunité pour aller grimper et ouvrir des voies dans l’ouest de la Chine (et malheureusement je ne peux le faire que cet été, car les visas pour la Chine seront sûrement très difficiles à avoir à la rentrée à cause de l’anniversaire du partie communiste Chinois), je n’ai plus l’envie de faire du woofing et plus l’argent pour faire du tourisme. Une dernière raison, qui regroupe d’une certaine manière toutes les autres, est qu’au stade où j’en suis, si je veux connaître plus profondément le Japon, il faut que je m’y installe, que j’y travaille, que j’y vive et je n’en ai pas l’envie.

Je me prépare donc à quitter ce beau pays par le trajet qui sera probablement le plus fatigant de ma vie de voyageur. En effet, étant radin et aimant me considérer écolo en rejetant, quand ça m’arrange, les voyages en avion, je quitterai Osaka le vendredi 19 au matin pour arriver au port de Shanghai le 21 au matin, et après avoir traversé la ville jusqu’à la gare sud de cette mégalopole, je prendrai le train jusqu’à Kunming, où j’arriverai normalement, après 35h de trajet, le 23, de laquelle il me restera 5h de bus pour retrouver la ville de Dali. Cela risque d’être…intéressant !

Je ne me risquerai pas à faire un bilan de ce voyage au Japon. Je le quitte dans un mélange de tristesse et de joie. Ce fut un peu comme ces amours de vacances qui n’ont pas de futur dès le début, dont tu profites passionnément, et dont il reste une belle amitié et des souvenirs superbes. Ce voyage fut à l’image des nombreuses rencontres que j’ai eu la chance de faire durant ces 5 mois, qui pour la plupart n’auront aucune suite, mais qui furent simplement belles et enrichissantes. Il va me falloir du temps pour tout digérer et pour comprendre ce que j’ai vu et ressenti. Le temps, on en revient encore à cette notion qui fut si présente le long de ce voyage. Le temps, la différence, la simplicité, la beauté, la liberté, l’enrichissement…

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